J’aime mieux ta jupe que l’humanité (suite poétique)
je cherche des voyelles sous ta jupe un embryon de mot sur ton ventre
je cherche des voyelles sous ta jupe un embryon de mot sur ton ventre
La mort d’un être aimé nous colle à la peau et fige tout le reste. La mort de ma mère a transfiguré le réel en lui enlevant toute convenance. Je pourrais me passer des matinées trop longues et des nuits trop courtes. J’aimerais refuser, pour quelque temps, la nécessité de continuer. Refuser cette réalité qui m’a ôté pire que ma vie en lui enlevant la sienne.
traces d’héroïne sur notre peinture à l’aiguille
À dix-neuf ans, quand je suis revenu de mon roadtrip dans l’Ouest canadien pour commencer mes études au Cégep de Gaspé, j’ai réalisé qu’une vie de voyageur pis de collégien, c’t’ait pas mal la même affaire. Y’avait de l’alcool, de la drogue, de l’errance, du vide pis des gens. Des gens ensemble qui essayent fort de ben faire ça.
Tubas timbales et gazous, fil de fer trapèze bascule, Phil balaise femme funambule, clowns blancs clowns rouges,
Ma mère m’a dit que « ça sentait la mort et la mort, on ne la désire pas ». Elle ne savait la décrire, si c’est à cause de la forte médication, la défaillance des organes, mais elle m’assurait qu’elle l’a reconnue, qu’elle émanait de ces deux corps distincts qu’elle a déjà caressés, embrassés, bercés, lavés, avant de les fuir en s’asseyant à part, à l’extrémité des lits et des sofas.
le rêve ouvre sur un rêve ouvre sur un rêve ouvre sur un rêve. / on décrit la paralysie du sommeil comme un trouble qui coince les dormeurs entre l’éveil et le rêve. le dormeur se voit incapable de se réveiller, la panique s’installe alors que le corps se fige, le plus souvent le dos collé au matelas.
Des rires et des bruits d’ustensiles m’embêtent. Je ferme la porte de la chambre et ils s’évanouissent. L’odeur de menthe de mon frère, et son lit glacial. La pièce me frigorifie sans lui.
Dans le wagon qui progresse vers Ikebukuro, tout le monde dort. D’un sommeil lourd. Celui qui fait dodeliner de la tête, ouvrir la mâchoire à moitié et donne au corps ces petits soubresauts involontaires.
Ma peau consumée / Révèle mes douleurs / À chaque pas dans l’escalier / Mon corps tendu tapi sous les couvertures / S’isole entre les souvenirs