Récit

Paul

Par |2016-12-21T15:21:42-05:0017 juin, 2015|Cours de création littéraire, Dossiers thématiques, Premières pages, Récit, Roman, Textes de création|

Le trou dans le mur avait eu un effet différent sur chacun. Ma mère : rouler des cigarettes à perpétuité (habitude qui refaisait surface lorsque le stress attaquait ses nerfs sensibles). Mon père : se rabattre sur sa chaise berçante avant d’entreprendre un monologue fortifié de termes à caractère religieux.

Sur la route de Quito

Par |2015-03-30T14:21:01-05:0030 mars, 2015|Nouvelles, Récit, Textes de création|

Mes genoux tremblent, mon cœur danse el sanjuanito. Je ne veux pas y aller, mais Luis prend ma main moite, et je titube avec lui vers la vieille sécheuse éventrée. Mon pied se prend dans un filet de pêche, je trébuche et me cogne le menton sur le dos de Luis. Immobile, il pointe le sol de son index.

Sorry

Par |2015-02-05T18:20:39-05:004 février, 2015|Nouvelles, Récit, Textes de création|

Je me souviens avoir été surprise du bruit que tu faisais. Tu gémissais comme le vent qui s’écorche entre deux portes de grange, les journées de grand froid. Ton souffle avait le rythme des ailes de corneilles qui battent l’air. Les larmes coulaient jusque sur ton torse. Je t’ai observé et je n’ai rien fait d’autre. J’ai laissé toute la laideur du monde t’infester, et je comprenais que tu ne cherchais pas à l’éviter. Tu as pleuré jusqu’à ce que ton corps se recroqueville. Ta joue était posée sur le fond d’aluminium de l’embarcation et ta peine était devenue silencieuse. Grande écrevisse rouge, ta bouche était ouverte; tes yeux, fermés serré.

La pêche à la mouche en Amérique

Par |2015-01-23T10:41:18-05:0021 janvier, 2015|Nouvelles, Récit, Textes de création|

Nous avions aperçu le Pisces amica dans une émission du National Geographic, sur les ondes de Radio-Québec. Ce poisson, précisait la voix sans visage, évoluait en eaux troubles, ce qui lui procurait force et combativité. Mais sa plus impressionnante particularité venait de ce qu’il fût doté de deux têtes pourvues d’un seul corps. Advenant le cas où il s’en faisait gober une, il continuait à vivre, une tête en moins, tout simplement.

Blood pis gold

Par |2014-11-25T22:18:21-05:0010 décembre, 2014|Conte, Nouvelles, Récit, Textes de création, Théâtre|

Michel pis moi, on… on l’a acheté y’a cinq ans, en arrivant de Sainte-Anne. Dans c’temps-là, c’était pas ben ben populaire. Nous, on en a fait une beauté. Top notch. Avec des tapis en minou pis des écrans partout pis des lumières LED dans des aquariums derniers cris pis des caméras dans chaque chambre.

Voyons, criss

Par |2016-12-21T15:18:21-05:007 avril, 2014|Dossiers thématiques, Le Déjectoire, Performance, Projet de la relève artistique, Récit, Textes de création|

J'aimerais vraiment dire un truc important, mais je sens que je vais passer à côté. Je suis bien cette fille, la fille qui passe à côté. Je sais pas quand, exactement, c'est possible de sentir le trou qui s'installe en moi. On pourrait y jeter les corps d'une centaine d'hommes. Au moins. On pourrait m'oublier, si je lève pas la main.

Du goudron plein la gueule

Par |2014-03-27T09:23:35-05:0024 mars, 2014|Récit, Textes de création|

À quelques occasions tu penses que c’est possible [...] de croire que le beau est beau et que le laid aussi est beau, que tous se distinguent, que tous ne sont pas qu’une copie d’une copie d’une copie, tu te convaincs même que le goudron dans ta bouche n’y est pas par ta faute, qu’il n’y est pas du tout, que ta bouche ne goûte pas l’amer, que tu n’as plus de peurs, d’angoisses, de vertiges face au bonheur, à quelques occasions tu penses que tout ça, c’est possible, mais ça ne dure qu’un instant, jusqu’à ce que tu te croises dans le miroir et que tu te trouves moche, du goudron plein la chemise, plein la bouche et les oreilles, jusqu’à ce que tu te questionnes à nouveau sur le bonheur, l’amour, Dieu. Jusqu’à ce que tu te rendes compte que tu n’es, au final, que la photocopie de la copie de ton voisin.