J’ai bien reçu tes lettres
Tes mots s’empilent dans ma corbeille, et j’oublie de la vider. Du gaspillage d’arbres, et d’énergie. Malgré tout, je m’épuise à nourrir leur espoir, l’illusion qu’un jour tout s’arrangera.
Tes mots s’empilent dans ma corbeille, et j’oublie de la vider. Du gaspillage d’arbres, et d’énergie. Malgré tout, je m’épuise à nourrir leur espoir, l’illusion qu’un jour tout s’arrangera.
Quand me prend l’envie de jouer à la mère, j’ai tous les enfants que je veux dans ma tête. Des bébés imaginaires pour chaque homme que j’ai aimé. Ils restent en moi, protégés du danger. À l’abri de moi, de mes imperfections, de ma rage, de mon non-désir d’eux..
En entrant dans le pavillon, une énergie nouvelle me traverse. Je ne sais pas si c’est la froideur du bâtiment, son odeur d’imprimante et d’intellectualité, mais je sens qu’il se jouera ici quelque chose de spécial.
Une larme, une nuée de corbeaux, une âme, éteinte. Et lui, ceint d’une neuve noirceur, d’une indicible douleur.Il voudrait disparaître, renaître pêcheur, et vider de ses crabes tous les océans du monde.
Ma mère n’a jamais eu de chambre à elle quand elle était petite. Elle se trimballait chaque soir avec ses affaires en demandant à ses sœurs plus âgées où elle allait dormir. Et ses mains de ramancheuse l’ont trimballée de village en village, dans des lieux glauques, pour masser des inconnus et les guérir avec son prétendu don.
Le vent de la fenêtre ouverte nous aide à poser les couches en accéléré. On se crinque, on se dit qu’on n’arrête pas. On termine aujourd’hui.
Ça veut dire que ma mère peut soulager les douleurs physiques des gens en posant ses mains sur eux. Quand nous étions enfants, ma sœur, mon frère et moi, elle nous disait qu’elle avait des mains magiques. Quand nous avions mal, elle nous flattait pour que la douleur parte.
Un instant, j’oublie ce qui nous a fait traverser à Montréal, aujourd’hui comme les quatre derniers lundis. J’oublie ma peau froide souffrant de l’oubli de ma veste. J’oublie mes indécisions, mes évitements.
J’écrivais mon journal. Des pages entières sur la vie qui s’ouvrait si grand tout à coup, sur les soirées de danse dans les bars du quai, sur l’impression que j’avais de devenir moi, de coïncider avec moi-même.
Je manque abdiquer. J’hésite entre rire ou pleurer. Et c’est là que je sais.J’en fais deux. Deux visages sur deux feuilles distinctes. Le fait de m’appliquer à la tâche me permet d’affronter ce qui émerge du papier.