Chronique météo no 2
C’était une de ces semaines collantes d’été, sans nuages ni vent, qui ne finissait plus. Même les murs de l’appartement semblaient gorgés d’humidité. La chaleur, prisonnière des vieux immeubles mal isolés et du […]
C’était une de ces semaines collantes d’été, sans nuages ni vent, qui ne finissait plus. Même les murs de l’appartement semblaient gorgés d’humidité. La chaleur, prisonnière des vieux immeubles mal isolés et du […]
Après trois jours entiers à me claquemurer, de la terreur plein la tête, de la grisaille saturant mes fenêtres, je me lance sur une route non tracée. Le soleil, blotti sous des couvertures douillettes, éclaire à peine mes pas.
Je ne me savais pas. Je ne me savais pas en ces lieux primitifs. Ces lieux confidents qui renoncent au silence. Un espace étroit, au fond de ma tête, entre l’argile et l’envie. Un petit espace, petit comme une aiguille.
petit matin, la fièvre s’était apaisée. J’étais de nouveau tiède et lucide, mais les questions continuaient de vrombir. Comment distinguer ce qui est vrai de ce qui ne l’est pas? Est-ce que la parole est réelle? Est-ce que les émotions sont réelles? Je tourne en rond. J’observe ma main. J’écarte les doigts, parcours leur longueur, m’arrêtant sur chaque aspérité, les phalanges gibbeuses, le contour rose de l’ongle. Est-ce que cette main existe?
J’avais le goût de mettre le feu à quelque chose pareil, ça fait que je me suis allumé une clope. Ça n’a pas calmé mes envies pyromanes, alors j’ai décidé de m’en prendre à toi.
Depuis ton départ, l’appartement est silencieux. Quand il pleut, l’eau coule par un trou dans le plafond, croupit sur un coin de plancher. C’est là que je me mets pour pleurer.
Au début, elle aimait qu’on la regarde, de haut en bas et de bas en haut, comme on lèche une crème-glacée.
Bertin, le journaliste attablé dans la salle à manger, plisse les lèvres. Il compatit. Ou il affecte de. Un site d’« informations urbaines » l’a envoyé de Montréal jusqu’ici, dans cette grande maison en pierres des champs où une femme retraitée vit seule depuis près de dix ans. Micheline a accepté l’entrevue pour que cessent les jugements, les harcèlements.
Mon père, oui. Papa est mort le 6 janvier 1946, le jour de l’ancien Noël. On pensait qu’il était en voie de rétablissement, il avait réussi à prendre un bon repas ce dimanche-là. Le premier depuis des mois.
Je suis dans ta chambre. Ta chambre emplie de choses que tu aimais : capteurs de rêve, collections de coquillages, montagnes de peluches.