Nos coeurs cannibales
Le premier soir, on s’est couvert de je t’aime. Pour se calmer le dedans, combler les trous du trop-plein de manque. On ne savait pas que ça finirait par nous avaler.
Le premier soir, on s’est couvert de je t’aime. Pour se calmer le dedans, combler les trous du trop-plein de manque. On ne savait pas que ça finirait par nous avaler.
Hiver. Basse-ville de Québec.
On aurait dit la fin du monde. C’était le 21 décembre, la journée la plus courte de l’année ; la nuit la plus longue. Il tombait des peaux de lièvres depuis […]
New York, le 28 octobre 1886 / À quiconque trouvera cette bouteille à la mer, / Aujourd’hui, je quitte le mutisme qui m’enferme depuis ma naissance.
Ma mère avait entrepris son grand ménage. La question n’était pas de juger de la nécessité de l’opération : il s’agissait indiscutablement d’une urgence.
Fin d’été. Basse-ville de Québec.
La noirceur est tombée à huit heures. Je me suis aperçu tout à coup que les jours raccourcissaient. La chaleur s’est attardée jusque tard en septembre, et je n’ai […]
Les nuages se dissipent. On dirait que j’émerge d’une sieste. D’une très, très longue sieste. Combien de mois ? 2, 3, 5, 10 ? J’ai perdu la notion du temps. Mais pourquoi ? Comment en suis-je arrivé là ? Une voix me revient, avec l’accent du passé. « Quand crois-tu partir ? »
Été. Basse-ville de Québec.
Le temps a changé juste après la tombée de la nuit. On a entendu un long roulement de tonnerre. Le ciel s’est déchiré et la pluie s’est abattue comme s’il […]
C’était une de ces semaines collantes d’été, sans nuages ni vent, qui ne finissait plus. Même les murs de l’appartement semblaient gorgés d’humidité. La chaleur, prisonnière des vieux immeubles mal isolés et du […]
Après trois jours entiers à me claquemurer, de la terreur plein la tête, de la grisaille saturant mes fenêtres, je me lance sur une route non tracée. Le soleil, blotti sous des couvertures douillettes, éclaire à peine mes pas.
Je ne me savais pas. Je ne me savais pas en ces lieux primitifs. Ces lieux confidents qui renoncent au silence. Un espace étroit, au fond de ma tête, entre l’argile et l’envie. Un petit espace, petit comme une aiguille.