Nouvelles

Kaléidoscope

Par |2012-12-17T19:26:37-05:0017 décembre, 2012|Nouvelles, Textes de création|

Nous survolions l’Ontario lorsque la nuit est tombée. Lisa et moi avons parcouru les allées plusieurs fois, moi pour m’assurer que les passagers ne manquaient de rien, Lisa pour se dandiner devant l’Américain. Sur l’écran plat, à l’avant, plusieurs noms de villes encerclaient le petit avion. Toronto, Detroit, Chicago, Buffalo.

Le délai

Par |2012-11-16T17:55:11-05:0019 novembre, 2012|Nouvelles, Textes de création|

La police est encore venue, avec l’ambulance et tout, chez mon voisin d’à côté. Je sais pas trop s’il est mort ou juste blessé, mais il avait l’air mal en point. Je l’ai regardé passer dans l’œil-de-bœuf, sur une civière, mais j’ai rien vu d’autre, sauf sa femme qui pleurait comme une Madeleine. L’air de l’immeuble était comme un nuage gris; ça sentait la panique.

La mercenaire

Par |2012-11-12T06:52:34-05:0012 novembre, 2012|Nouvelles, Textes de création|

Encore, pense Marcus en s’approchant de la maison, encore la moustiquaire trouée par Iode la mercenaire, qui doit râteler avec ses griffes le potager de maman, papa va fulminer, il va me menacer à grands éclats de phrases verbeuses de rendre Iode à la rue, car c’est à ce monde d’asphalte et de lignes jaunes que la chatte appartient au fond, maman devra recommencer ses plants, ça demande du temps, ce qui est une denrée rare, tu le sais, nous le répétons sans cesse, pourquoi n’as-tu pas fermé la porte-fenêtre, Marcus?

La possibilité de Julia

Par |2016-12-21T15:01:58-05:0012 juillet, 2012|Cabinet des idées reçues, Dossiers thématiques, Nouvelles, Nuit de la création, Textes de création|

Julia ne dort jamais. Son sommeil, le plus souvent, est troué de morts subites. Il est avéré qu’on ne peut trouver le repos lorsqu’on meurt trop souvent. Les cours la découvraient exsangue et un peu noircie du regard, on aurait dit que le créateur l’avait dessinée au fusain, sauf que personne ne croyait au créateur, ce qui nuit beaucoup à la métaphore.

E.T.

Par |2012-05-13T21:15:46-05:0013 mai, 2012|Nouvelles, Textes de création|

Nous marchions sur le Québec, enfin, pas tout à fait comme César marchait jadis sur Rome, mais nous marchions sur Québec, du moins dans nos têtes, en tout cas nous marchions à Québec, ça, personne ne pouvait nous l’enlever, à Québec devant l’hôtel du Parlement.

Sommeil roulant

Par |2016-12-21T15:02:23-05:006 mai, 2012|Cabinet des idées reçues, Dossiers thématiques, Nouvelles, Nuit de la création, Récit, Textes de création|

Moi je dis que la naissance d’une idée, ça se fait souvent au lit, et c’est aussi important – sinon plus – que de passer à l’action. Parce qu’une fois levé demeure toujours la possibilité de foirer. Couché, les risques sont moins grands. Dans les rêves et les scénarios qu’on se fait la tête sur l’oreiller, le corps bien au chaud sous les couvertures, c’est rare qu’on échoue. Prenez Jean Charest, par exemple. Il se lève tous les matins. Et il en fait, des conneries! Je lui suggère de rester couché plus souvent. Et plus longtemps.

Hors-champ (la mort d’une mère)

Par |2012-03-15T09:41:23-05:0015 mars, 2012|Nouvelles, Textes de création|

Le fils parle à la préposée. Il cherche sa mère, il dit son nom. La préposée le met en attente, revient. Non, il n’y a personne de ce nom à l’hôpital. Il dit « elle est morte hier », pas à l’hôpital, chez elle, mais le décès a été constaté à l’hôpital. Non, il n’était pas présent. Oui, on lui a indiqué cet hôpital. Oui, il est de la famille. La préposée le remet en attente

Billie et Patrick

Par |2012-02-20T20:56:14-05:0020 février, 2012|Nouvelles, Textes de création|

Patrick disait tout le temps qu'on n’avait pas la preuve de ne pas être immortel tant qu'on était encore en vie. J'ai compris que ça avait peu de sens, cette façon de voir les choses. Mais c'était une façon qui me plaisait. C'est à partir de ce moment-là que nous avons commencé à rêver le jour et à dormir la nuit.

Les yeux de la Terre

Par |2011-12-22T13:26:18-05:0025 décembre, 2011|Nouvelles, Textes de création|

P’paha? Je m’inquiète; le temps commence à s’étirer. Je me tourne vers toi, le visage meurtri. Il ne me ferait pas ça, hein? Dis-moi, il n’oserait pas, non? Tu crois que oui? Tu crois qu’il est encore fâché? Pourtant, j’ai tout nettoyé, j’ai tout réparé, je t’ai réparée. C’est ça, le drame de la couchette.