Nouvelles

Ce qui s’efface

Par |2019-03-05T01:21:07-05:005 avril, 2017|Concours, Dossiers thématiques, Nouvelles, Textes de création, Transmissions|

Tous les objets trouvent ensuite une place dans la haie d'honneur que tu construis, depuis plusieurs mois, dans le corridor qui mène à ta chambre. Tu as planté plusieurs clous dans le mur, à la hauteur des yeux, pour suspendre les objets hétéroclites. Tu les regardes un à un, chaque soir, avant de te coucher. Corde à danser, bas, spatule, emballage de pain vide, couverture, chaudron. Tu accordes à chacun d'eux plusieurs minutes. Tu les détailles, récites à voix haute tout ce à quoi ils te font penser. La corde à danser : sauter, herbe, bras, rond, chanson, sauter, vent, robe. Les bas : souliers, laine, balle, chat, doux, chaud.

Ô pays : je suis la douleur de ta douleur et le sang de ton sang blanc…

Par |2016-12-20T10:00:13-05:0021 décembre, 2016|Nouvelles, Textes de création|

Andrzej s'enivre. Andrzej mon Illégal abhorre les églises. Mais il porte – je le sais – des christs et des crucifixions – en sceau de jaspe, en pierre veinée incorruptible, le nom Karol qui pavoise aux parvis, le nom Karol de l'empereur roi de Bohème et de Hongrie, mort en exil loin des murailles hématites de Karlštejn et de Saint-Venceslas. Beatus Carolus Austriae.

L’arrivée du prof Jareksi

Par |2016-12-01T16:32:44-05:0030 novembre, 2016|Nouvelles, Textes de création|

Tu te sens comme Grenouille, le héros du Parfum; ta mémoire olfactive se gorge de plus en plus de l’odeur suave et excitante de ton prof. Lorsqu’il te met la main sur l’épaule et sur le bras pour te féliciter pour tes efforts, te fixe assez longuement, te sourit, tu te mets à transpirer, parfois même à durcir…

Fil d’Ariane

Par |2019-03-05T00:41:33-05:0017 août, 2016|Nouvelles, Textes de création|

L’eau est de plus en plus opaque. J’ai du mal à distinguer mes pieds. Libre d'attaches, j'atteins le fond de ce qui était le couloir. Derrière la carcasse de ce qui devait être une commode, dans un cadre minutieusement orné, une porte se dresse au garde-à-vous. Quelque chose, dans cette épave, que je ne connais pas. Que personne ne connaît. Elle est verrouillée.

Concernant une large terre et ses femmes

Par |2016-07-28T13:57:28-05:0010 août, 2016|Nouvelles, Textes de création|

Bien vite, les femmes et les enfants sont venus s’assembler devant la maison et l’ont observée recracher les bourrasques. Parfois, un rideau ou un drap surgissait d’une porte, virevoltait dans le ciel en claquant au rythme des rafales, puis s’abattait sur un enfant ou sa mère. Alors, la victime s’écroulait au sol et faisait le mort recouvert d’un linceul.

L’enfant d’ailleurs

Par |2016-07-22T11:28:36-05:0027 juillet, 2016|Nouvelles, Textes de création|

Elle passe la douane, croise des visages blancs, comme celui de la dame. « Un jour, tu comprendras qu’on fait ça pour ton bien. Ici, l’avenir t’appartient si tu saisis ta chance ». Elle ne sait pas ce que le mot chance signifie. Elle panique. Cet endroit inconnu où les gens parlent une langue étrange. Le bruit, l’odeur. Elle veut sa maman et ses frères et ses sœurs.

Le cirque Onéiros

Par |2016-06-20T08:49:08-05:0029 juin, 2016|Conte, Nouvelles, Textes de création|

Les voilà dans le chapiteau. De l’intérieur, il paraît à Edgar bien plus grand que de l’extérieur. Une cathédrale de nomade. Il faut grimper des marches et faire attention : les gradins de bois ne semblent pas très solides, mais se remplissent vite. Ils choisissent un banc et s’assoient. Son frère essaie de l’embêter, mais leur mère les sépare avant qu’Edgar ait eu le temps de répondre. Ce n’est pas grave, il pourra le faire en rentrant à la maison. Rira bien qui rira le dernier. Le spectacle va bientôt commencer. Les lumières des gradins s’éteignent et un monsieur bien habillé, le visage tout blanc, entre et se place au milieu de l’arène. Il a un micro. Une larme noire est dessinée sur sa joue. Maman, pourquoi il est triste le monsieur?