MEUTES
En tant qu’écrivain de nouvelles et de romans, je m’aventure de plus en plus dans les recoins sombres de l’âme humaine. J’écris tout particulièrement pour pointer les travers du monde et remettre en jeu les crimes, à grande et à petite échelle, de notre société.
Je broie, je crée du noir. Et j’en étudie les trames.
En tant que chercheur, je m’intéresse aux narrations incorrectes et dérangeantes de cette littérature de la crise qu’est le roman noir du XXIe siècle. Des récits radicaux, violents, éloignés de toute bien-pensance et des clivages politiques d’antan – c’est-à-dire d’avant le nouveau désordre mondial notamment engendré par : le 11 Septembre, les crises financières, la montée en puissance des contestations populaires et citoyennes et, en réponse à celles-ci, des violences policières. Et j’en passe.
Avec Meutes, je veux poursuivre cette exploration. À travers une série de courts textes de fiction ainsi que des réflexions sur la création affiliée aux littératures de genre, je souhaite observer, raconter, dramatiser, les faits de notre société et les méfaits de la mondialisation et du capitalisme. Entre autres crises… et crimes, y compris de lèse-majesté.
Meutes, ce sont les luttes de pouvoir, les rapports de force, de méfiance et de défiance entre les individus, les groupes de pression, les communautés, les autorités. Entre le narrateur et ses personnages, aussi. Et entre les ceux qui pensent ceci et les ceux qui décrètent cela.
Meutes, ce sont les hurlements avec le reste de la cohorte, ou pas. Les ralliements à l’opinion dominante ou, allez savoir, à son exacte opposée. Les comportements carnassiers au propre comme au figuré… Meutes sera peuplé de hordes et de loups solitaires de tous bords, de mâles dominants et de mal-pensants.
Meutes privilégiera des histoires choc dans une langue rejoignant si possible les « mélopées saccadées, mitrailles obsessionnelles, […] behavioristes, argotiques [et] paradoxalement lyriques » (Sabrina Champenois, « Portrait : Du roman noir à l’histoire », Libération, 3 avril 2014) des textes marquants d’auteurs de noir contemporain comme James Ellroy, Don Winslow, DOA ou encore, Antoine Chainas et Dominique Manotti. Ce chantier sera par ailleurs l’occasion d’éprouver une écriture qui, comme l’a relevé Dominique Manotti – oui, encore elle – le 20 juin 2015 au micro de France Culture, représente peut-être bien « le classicisme d’aujourd’hui ».
Il se peut que par endroits, Meutes vire à l’émeute.
Mais si, parfois, Meutes émeut, c’est encore mieux.