Dans la ville de Q., quand le fleuve a englouti le port, personne ne s’en est soucié. Tout juste un chroniqueur pour vanter la bonne fortune des fabricants de bottes de caoutchouc. Puis se sont échouées les dépouilles de sirènes mortes de chaleur. Les averses inondaient les rues des souvenirs de soldats anglais oubliés depuis longtemps. Les fontaines publiques se sont mises à cracher des flammes et les citoyens à fleurir à l’ombre du grand cap. Un ennemi invisible, sorti de nulle part, a assiégé la ville avec ses canons et ses avions de chasse. De quoi se souciait donc le monde, malgré les mutations, les bombardements et les refoulements d’égouts ? Des frasques du Grand Blanc, le requin des technologies à venir, et du prix des bottes à cuisses dans les magasins de la Haute-Ville. Dans cette suite de nouvelles, des lieux étrangement familiers renverront le reflet d’une société qui s’écroule sous le regard indifférent de tous. Sauf quelques obstinés, des gens ordinaires munis d’un troisième œil et capables de voir les choses et les hommes pour ce qu’ils sont vraiment. Avec leurs faibles moyens, ils rendront compte de cette nouvelle
réalité tout en essayant de s’y adapter.
Vagues de plomb
L’automne s’avère la saison la plus propice à la remontée d’importants systèmes dépressionnaires le long de la côte est du continent. Combien de cyclones et d’ouragans, ces dernières années, avaient ruiné les mégapoles […]