Ştefania sort un livre de son sac : L’homme-boîte de Kôbô Abé, dans une traduction en roumain. Je le feuillette rapidement; je ne saisis rien sinon quelques mots ici et là. Je me hasarde avec une traduction aléatoire, ça nous fait bien marer. Ştefania me raconte un peu l’histoire, son lien avec le projet, l’influence que ce roman a eu sur sa réflexion artistique : je note et j’irai me procurer la version française chez l’un des libraires de la rue Ambroise Thomas, tout juste en face de la cathédrale. La discussion se poursuit, on parle maintenant de la douleur; Ştefania explique qu’elle ne peut créer quand elle ne va pas bien. Ça ne pourrait mieux tomber : nos déjeuners rue Serpenoise sont plus souvent qu’autrement assez festifs : nous sommes à tout coup galvanisés par l’enthousiasme de l’autre et on sent bien que cette jeune amitié est à la fois mondaine, intellectuelle et artistique.