Mon Rue Deschambault qui m’a menée autour du monde
Ce texte a été écrit dans le cadre du concours Reliures organisé en 2018 par les Jeunes programmatrices de la Maison de la littérature de Québec. [1]
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Ce texte a été écrit dans le cadre du concours Reliures organisé en 2018 par les Jeunes programmatrices de la Maison de la littérature de Québec. [1]
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[...] il y a eu cette belle soirée de la série « Les débuts fulgurants », animée par Patrick Bilodeau, libraire chez Pantoute, et pour laquelle on m’avait demandé de parler des premières œuvres qui m’ont marqué, ou qui présentaient des débuts marquants, je n’ai jamais trop su. Il se trouve que les unes sont les autres, et ma sélection m’a mené à ce constat paradoxal : les livres qui m’ont plu sont ceux que j’ai lâchés parce qu’ils exigeaient d’en faire quelque chose — de l’art ou du trouble, souvent les deux.
Tout ce monde à faire tenir en soi. Tous ces liens qui s’entremêlent : un réseau de chair, de cambouis et de rêve, qui pulse, inextricable. J’ai 40 ans. Je suis seule sur la route – trois mois, dix-huit-mille kilomètres, des litres de café, quelques flasques de rhum, la vie de Frida Kahlo, et des mots des mots des mots.
j’ai foncé comme dans les films je suis allée au matelas maintenant je fabrique des accidents d’auto c’est mon image préférée elle sonne juste appropriée pour illustrer l’accélération le cœur qui s’écrase le dérapage
Au début, il y avait juste Francine qui éprouvait du plaisir. Elle égrenait nos souvenirs communs inexistants sans se rendre compte que Michel et moi, on regardait le même coin de nappe. Mais son enthousiasme a rongé l’étrangeté.
Le jeu brûle dans la poubelle du sous-sol. Le Ouija me promettait de contacter les esprits, mais la planchette n’a jamais bougé. Par précaution, je m’en suis débarrassé de la façon recommandée. Je me suis ruinée en eau bénite et j’ai failli perdre un doigt en découpant la planche en sept morceaux, mais au moins, je sais qu’aucun démon ne peut me suivre.
Je suis la deuxième d’une famille de quatre filles: même regard sombre, même sourire lumineux, même drôles de mimiques. Quatre poupées russes que l’on peut emboîter puis déboîter à sa guise. Si je vois pour la première fois quelqu’un qui connaît l’une de mes sœurs, il s’exclame immanquablement : « C’est incroyable, tu lui ressembles tel-le-ment, vous êtes des copies conformes! » Il reconnaît alors chez moi quelque chose qui lui est familier. Comme si mon visage portait la trace d’émotions, d’expressions et de rencontres qui ne sont pas les miennes.
Les gens laissés chez toi te reviennent tout à coup. Tous ceux que t’as croisés depuis ton départ, quelques visages qui s’oublient au creux des montagnes. Dehors, les débris de soleil se cachent derrière les rochers et les cactus crochis. Tu regardes ton reflet dans le miroir et tu souris.
j’économiserai les gestes nous savons nos mains accablées nous savons dire à demain