Succions
tu es seule et laide édifiée au statut de victime timorée soudoyée yéti des temps nouveaux veau de lait d’une chienne de vie
tu es seule et laide édifiée au statut de victime timorée soudoyée yéti des temps nouveaux veau de lait d’une chienne de vie
À Montréal, on a lancé des balances par la fenêtre, pour mon bien, m’a-t-on dit. N’empêche, c’est dangereux, lancer des objets comme ça; un passant pourrait être blessé. Vous voyez, je fais des blagues avec des choses sérieuses. Mécanisme de défense, selon le psychiatre. Je me suis mis à rire pendant qu’on me conduisait contre mon gré à l’hôpital.
Trois cent soixante-treize clous. Je ne compterais pas jusque-là. Peut-être seulement trente-trois et des reprises. Peut-être un seul et la névrose qui veut qu’on répète. Peut-être tout ça, à différents moments d’une même vie, d’une même heure. Peut-être rien du tout. Et l’inspiration qui vient plutôt de celui qui regarde. L’ambivalence. L’excès et le goût de tout couvrir de mots, de concepts et de possibles. Ça fait mal de ne rien savoir.
Un mois de juillet, en pleine canicule montréalaise, l’envie de quitter la médiocrité m’avait poussé à dire oui, pour la première fois, à l’ivresse narcotique. Un prélude aux excès subséquents, un penchant symptomatique pour la fuite. Je voulais connaître la liberté absolue, la chute des barrières de ma conscience. Le sentiment d’être supérieur à l’être commun. J’ignorais encore les limites de mon corps et les contraintes du réel. Je cours encore quatre ans plus tard, comme s’il était possible d’atteindre quelque chose de mieux. À trop vouloir m’élever au-dessus de moi-même, j’ai déboulé tous les étages de ma tour de Babel et je fais maintenant face à la menace de m’effondrer avec le reste du salon. Me retrouver dans l’oubli ou dans la mort. Ne plus être unique. Vivre l’échec prédit depuis le départ.