Conférence avec Valérie Forgues
Le 9 mars dernier, l’autrice et directrice littéraire Valérie Forgues s’est entretenue avec Maxime Plamondon à propos de la voix de l’auteur.
Le 9 mars dernier, l’autrice et directrice littéraire Valérie Forgues s’est entretenue avec Maxime Plamondon à propos de la voix de l’auteur.
J’ai pris la pilule du lendemain, j’ai bu du vin, fumé, mais il est resté là. Je sens sa force, sa chaleur dans mon ventre. Je l’aime sans réserve, mais ça ne m’empêche pas de renoncer à lui.
Dans les allées du Jean Coutu de la rue Saint-Vallier, l’éclairage des néons me crachait au visage sa lumière violente. J’avançais, chambranlante et jetais pour la première fois les yeux sur ce rayon ignoré mille fois auparavant.
J’ai un pied dans la vie, l’autre dans ma tête. Si j’avais plus que deux pieds, j’en aurais un sur papier, un dans une autre vie imaginaire, un sur un autre continent.
Quand je pense à une descendance nombreuse, j’ai l’affiche de chez le vétérinaire en tête, celle en forme de pyramide, qui nous informe qu’il est important de faire stériliser nos chats. On y voit une chatte tout en haut, puis deux trois chats en dessous, puis dix, puis vingt.
Égoïste, lâche ou courageuse ? La seule certitude que j’ai, fin août, début septembre 2011, c’est que je ne veux pas mettre le pied dans l’univers des mamans. M’en tenir à l’écart est peut-être le seul pouvoir que j’ai d’être la femme que je veux et non celle que mon sexe ou mon époque me dictent.
Me ramancher sans l’aide de personne. Tentative de me fabriquer moi-même.
La version idéale de moi dirait à F de rentrer chez lui. La version idéale de moi lirait un roman jusqu’à ce que ses yeux ferment tout seuls, irait fumer une cigarette sur la galerie en regardant briller la haute-ville au loin, écrirait un courriel à un être cher ; mais je suis tellement loin de cette femme-là.
Quand me prend l’envie de jouer à la mère, j’ai tous les enfants que je veux dans ma tête. Des bébés imaginaires pour chaque homme que j’ai aimé. Ils restent en moi, protégés du danger. À l’abri de moi, de mes imperfections, de ma rage, de mon non-désir d’eux..
Ma mère n’a jamais eu de chambre à elle quand elle était petite. Elle se trimballait chaque soir avec ses affaires en demandant à ses sœurs plus âgées où elle allait dormir. Et ses mains de ramancheuse l’ont trimballée de village en village, dans des lieux glauques, pour masser des inconnus et les guérir avec son prétendu don.