Du goudron plein la gueule
À quelques occasions tu penses que c’est possible [...] de croire que le beau est beau et que le laid aussi est beau, que tous se distinguent, que tous ne sont pas qu’une copie d’une copie d’une copie, tu te convaincs même que le goudron dans ta bouche n’y est pas par ta faute, qu’il n’y est pas du tout, que ta bouche ne goûte pas l’amer, que tu n’as plus de peurs, d’angoisses, de vertiges face au bonheur, à quelques occasions tu penses que tout ça, c’est possible, mais ça ne dure qu’un instant, jusqu’à ce que tu te croises dans le miroir et que tu te trouves moche, du goudron plein la chemise, plein la bouche et les oreilles, jusqu’à ce que tu te questionnes à nouveau sur le bonheur, l’amour, Dieu. Jusqu’à ce que tu te rendes compte que tu n’es, au final, que la photocopie de la copie de ton voisin.