Maude Dery

À propos Maude Déry

Maude Déry a complété une maîtrise qui porte sur le langage et les émotions dans la nouvelle intimiste contemporaine. En 2019, elle soutenait sa thèse de doctorat à l’Université Laval, où elle est chargée de cours en création littéraire. Ses travaux traitent du roman du peintre contemporain et de la vulnérabilité comme principe poïétique. Son premier recueil de nouvelles, Sur le fil, est paru à l’automne 2013 aux éditions Triptyque et a été finaliste au Prix des lecteurs Radio-Canada 2014. Elle a également publié des textes de fiction dans différentes revues québécoises, dont Moebius et XYZ, et animé des ateliers de création littéraire pour les bibliothèques et l’Université du troisième âge de Québec.

Bénie

Par |2021-09-08T13:20:46-05:0016 septembre, 2021|Maude Déry, Poésie|

 

S’ils te disent de te noyer dans l’eau qu’ils ont eux-mêmes bénie

de mastiquer la bouche fermée

de ne plus jamais cligner des yeux

devant le chatoiement des couteaux

 

c’est toujours mieux

que de consentir

à te laquer les […]

Mines

Par |2021-08-09T10:09:05-05:0019 août, 2021|Maude Déry, Poésie|

Ton orgasme

une ville par-delà le fleuve

qu’ils rêvent d’assiéger

pour venger leurs frères

morts avant eux

 

bombarder les ruelles

de ta moiteur

incandescente

 

repriser leurs plaies

à même tes yeux bandés

***

Tu rampes derrière

leurs éclats de voix

joues au soldat de […]

Depuis la nuit

Par |2021-07-07T05:32:58-05:0029 juillet, 2021|Maude Déry, Poésie|

Tu as pensé t’incendier dans le fumier

en tas derrière le sanctuaire des élus

tu as pensé leur lancer à la figure

tes plus viles insultes

avant de mordre le brasier

une promesse

tabula rasa

bourreaux et victimes confondus

dans la […]

Érosion

Par |2021-06-02T13:38:50-05:0030 juin, 2021|En résidence, Maude Déry|

Dans la cour du presbytère

les viols se multiplient

au même rythme que

les pissenlits

les mauvaises herbes respirent

à même ta lumière

 

un court instant

tu penses à ta mère

à ses espoirs risibles

sa révolte fantôme

et tu te prends soudain […]

Taire l’aurore

Par |2021-03-19T10:49:55-05:0019 mars, 2021|Maude Déry, Poésie|

Chaque matin

Mourir et renaître

Au bout de tes doigts

Leurs vœux pieux

Enfoncés dans l’arrière-gorge

 

Chaque matin

La violence profane des Dieux

Ce sexe fou

Où tu es née

Ton absence

Repliée sur leurs draps

 

***

 

La nuit, ils t’apprennent à rire au fond […]

Dieu seul sait

Par |2021-01-15T11:48:15-05:0011 février, 2021|Maude Déry, Poésie|

Personne ne t’a jamais enseigné
à te méfier
des grands sages
venus habiter
les recoins inquiets
de ton corps

sous ton lit
leur dentier
se fraie un chemin
dans la poussière

toi qui ne connais la vieillesse
qu’à travers ses cris

 

***

Dès l’aurore […]

Martha : poïétique et vulnérabilité sous tension

Par |2016-12-21T15:07:28-05:007 octobre, 2015|Colloque, Création littéraire, Dossiers thématiques, Etudes littéraires, Forum interuniversitaire 2015 des étudiant-e-s en création, Textes de reflexion|

Or, dans Martha, les jeux de séduction auxquels se livrent le peintre et sa muse ne conditionnent plus les modalités du rituel de pose, celui-ci s’appuyant désormais sur une fascination du peintre pour la vulnérabilité de son modèle, vulnérabilité qui devient le matériau de la création, son souffle en quelque sorte.

L’inspiration

Par |2013-01-28T06:18:18-05:0028 janvier, 2013|Récit, Textes de creation|

Je ne pouvais plus écrire, mes personnages m’avaient abandonnée. J’avais beau tendre l’oreille, me retrancher dans un silence quasi monastique, leurs voix ne surgiraient pas. M’acharner ne donnerait rien. Le vent s’était levé. On aurait dit qu’il hurlait, comme un gamin furieux.

Jaune, Rouge

Par |2011-04-20T19:52:43-05:0020 avril, 2011|Nouvelles, Textes de creation|

Même caché sous le tissu blanc, Francis la hantait encore. L’image de ses poignets l’obsédait. Audrey ne pouvait s’empêcher de s’imaginer Francis quelques secondes avant qu’il n’enfonce la lame dans sa chair. Un film projeté en boucle dans sa tête, une fable inventée pour ne plus le savoir seul avec la mort. Francis et ses mains tremblotantes, sa respiration saccadée, ses yeux mouillés de larmes. Sa main enserrant le couteau dont Audrey s’est servie pour couper le rôti de porc. Francis étendu sur le carrelage froid de la salle de bain. Francis vêtu du gilet offert par Audrey l’automne dernier : « ça te donne du teint », lui avait-elle fait remarquer. Audrey ne se doutait pas que le mariage du jaune et du rouge pouvait être si choquant.