Depuis la nuit
Tu as pensé t’incendier dans le fumier
en tas derrière le sanctuaire des élus
tu as pensé leur lancer à la figure
tes plus viles insultes
avant de mordre le brasier
une promesse
tabula rasa
bourreaux et victimes confondus
dans la […]
Taire l’aurore
Chaque matin
Mourir et renaître
Au bout de tes doigts
Leurs vœux pieux
Enfoncés dans l’arrière-gorge
Chaque matin
La violence profane des Dieux
Ce sexe fou
Où tu es née
Ton absence
Repliée sur leurs draps
***
La nuit, ils t’apprennent à rire au fond […]
Dieu seul sait
Personne ne t’a jamais enseigné
à te méfier
des grands sages
venus habiter
les recoins inquiets
de ton corps
sous ton lit
leur dentier
se fraie un chemin
dans la poussière
toi qui ne connais la vieillesse
qu’à travers ses cris
***
Dès l’aurore […]
Conférence avec Maude Déry
Le 14 octobre dernier, l’autrice Maude Déry s’est entretenue avec Maxime Plamondon au sujet de l’échec parfois vécu dans le monde littéraire et universitaire. L’échec est-il une fatalité ? Peut-il être un moteur de création ? Existe-t-il une « culture de l’échec » dans nos institutions ?
Martha : poïétique et vulnérabilité sous tension
Or, dans Martha, les jeux de séduction auxquels se livrent le peintre et sa muse ne conditionnent plus les modalités du rituel de pose, celui-ci s’appuyant désormais sur une fascination du peintre pour la vulnérabilité de son modèle, vulnérabilité qui devient le matériau de la création, son souffle en quelque sorte.
L’inspiration
Je ne pouvais plus écrire, mes personnages m’avaient abandonnée. J’avais beau tendre l’oreille, me retrancher dans un silence quasi monastique, leurs voix ne surgiraient pas. M’acharner ne donnerait rien. Le vent s’était levé. On aurait dit qu’il hurlait, comme un gamin furieux.
Jaune, Rouge
Même caché sous le tissu blanc, Francis la hantait encore. L’image de ses poignets l’obsédait. Audrey ne pouvait s’empêcher de s’imaginer Francis quelques secondes avant qu’il n’enfonce la lame dans sa chair. Un film projeté en boucle dans sa tête, une fable inventée pour ne plus le savoir seul avec la mort. Francis et ses mains tremblotantes, sa respiration saccadée, ses yeux mouillés de larmes. Sa main enserrant le couteau dont Audrey s’est servie pour couper le rôti de porc. Francis étendu sur le carrelage froid de la salle de bain. Francis vêtu du gilet offert par Audrey l’automne dernier : « ça te donne du teint », lui avait-elle fait remarquer. Audrey ne se doutait pas que le mariage du jaune et du rouge pouvait être si choquant.