Forteresse intercalaire
La Francoforte se ferait demander de parler à la France, ou encore pire, à la Paris, de camoufler son accent, ce défaut qu’il ne faut pas montrer; carence de continent. Patiente, elle répéterait : « Maintenant, la classe, répétez : un crayon. — Un crayon — Dans ma trousse, j’ai un crayon. — Un crayon. » Elle baisserait les yeux sur son coffre à crayons creux et futile. Un crayon à mine puéril dans sa main attendrait sa reconnaissance, en vain. Et la professeure de français britannique se tournerait vers elle, verte, orange et blanche de colère, pour lui signifier à voix forte qu’elle ne prononcerait pas correctement, qu’il faut articuler « un » selon cette norme, celle-là, pas, surtout pas, l’écorchement nasal et démodé de ce pays qui n’en est pas un. Où est-ce déjà? Me le montrerais-tu sur une map?