J’ai toujours préféré la princesse gourmande de ma famille à cette poupée délicate et capricieuse. À l’époque, grâce à ses trucages narratifs, mon père a su réintégrer la soupe aux pois au menu familial tout en évitant d’encourager les élans douillets de ses filles. Aujourd’hui, ce conte déformé m’amène ailleurs, il est aux origines d’une démarche littéraire orientée sur le travail de réécriture et de transformation des textes qui forment ma mythologie personnelle. Car ce que nous dit réellement la version gastronomique de la Princesse au petit pois, ce n’est pas « mangez de la soupe », mais bien « le conte est un outil malléable dont on peut faire ce qu’on veut ».