[information] Ce texte a été rédigé dans le cadre du cours de création littéraire donné à l’Université d’Ottawa par Michel A. Thérien à l’automne 2014. [/information]
[heading style= »subheader »]Poussière dans l’oeil[/heading]
Dans un parking à ciel ouvert,
Une balle de golf
Posée sur la rampe,
Cherchant à s’évader,
B
O
N
D
I
T
Tombe dans mon œil
dans ma pupille
Lui en faisant voir de toutes les optiques
Subit le courroux de la cornée
Déclenche larmes de fer
Expulsée, cette poussière globuleuse
Me monte aux neurones
Se balance d’un lobe
À
L’autre
Atterrissant au tronc cérébral
Trou d’un coup
[heading style= »subheader »]Ville[/heading]
Obscurité
Pierres cicatrisées
Sirènes mécaniques
Lumières brouillées
Crissement
Sons anonymes
Harpies déchues
Chimères à l’affût
Silhouette
Statue menaçante
Corps éméchés
Cheveux détrempés
Figure
Un pied sur le mur
Immobile
Enjôleuse
Aaja
Viens
[heading style= »subheader »]
Petit soldat
Le panier sur le gramophone tait ses secrets
Les livres militaires veillent
Les yeux fixes des murs doutent
Les tapis espionnent
Ça sent la poussière et l’excentricité
À la frontière, un coq fait ses partitions
La pièce entière est sur ses gardes
Le rideau se tend et s’arque
Le bureau recense ses munitions
Une présence étrangère s’approche
Les meubles à leur comble
Ne peuvent plus se contenir
Se sacrifieront pour la patrie
Gloire au mobilier!
[heading style= »subheader »]Panne de courant[/heading]
La neige tombe
Par morceaux
Une avalanche microscopique
Au milieu,
ton corps
Souffrant d’une isolation défectueuse
Ta masse entière enfouie
Emprisonnée dans la poudreuse
Corps fissuré
Qui n’arrive plus à supporter le poids de tes avancées
S’enfonçant dans les neiges mouvantes
Ta surface transie est ébréchée
Par ces crevasses qui apparaissent sournoisement
Le long de ta colonne
Tu es un sablier impossible à retourner
Le monde me regarde avec pitié,
Mais ce n’est pas moi qui me désintègre
Dans un cas d’hypothermie,
Chaque goutte endort
Je le sais,
mais la chaleur me manque à te regarder dans le blizzard
J’envie ta stature de glace
Tu te désagrèges
Je me liquéfie
Incapable de pardonner à ton organisme sclérosé
[heading style= »subheader »]Rêverie de bibliothèque[/heading]
Des écrivains crasses
Lâches
Laissant traîner leurs déchets
Des raclures et des pelures
Des mots à peine bridés
Des phrases veuves
J’ai besoin d’un livre
Jauni, qui sent la mort ou le vécu, c’est selon
Il n’y a rien
Rien
[heading style= »subheader »]Arrêt d’autobus[/heading]
Un seul,
Ils étaient un
Ils devinrent plusieurs
Sur le bord,
Immobiles
Se regardèrent
Se prirent au jeu
Mais
Les autres arrivèrent
Rugissants
Imposants
Corps étrangers,
Ils repartirent comme ils avaient déboulé
N’en laissant qu’un sur le trottoir
Arraché à sa multitude
[heading style= »subheader »]Chien et loup[/heading]
Entre chien et loup
Roses gelées
Ruines
Douceur frigorifiante
Douleur
Effervescence sénile
Tranquillité
L’hiver
[heading style= »subheader »]Théâtre[/heading]
Dorures dévergondées
Tapis défraîchis
Trou noir,
Bouche béante
Qui viendra avaler vos envies