[information]Ce texte a été lu dans le cadre du Déjectoire, spectacle d’ouverture du Mois de la Poésie, le 1er mars 2014, lors du Printemps des poètes de la ville de Québec.[/information] Sur le sofa, bouche béante, dissimuler ses vacuités.
l’immodérée
tu ne vis que pour l’excès
l’excédant de matière absorbée
béatifiée par l’ivresse incessante
sans tenir tête au désir d’accumuler
la chair s’étire
se fend en vergetures
tu ris de ceux qui te disent
qu’il ne faut forcer l’appétit
étiolée
ta peau ne te plaira jamais
maigreur oubliée
et les mois ont passé
tu ne goutes plus
plus que ce corps trop lourd
ourdi de masses ignobles
oblitéré par l’abus
bu sans vergogne
tu as jeté les miroirs
rois ratés du royaume de toi
toiles ternies par le temps
tangibles sous le tissu superflu
qui te cache
qui hachure
les lignes d’une histoire
que tu n’aimes plus
tu es seule et laide
édifiée
au statut de victime timorée
soudoyée
yéti des temps nouveaux
veau de lait
d’une chienne de vie
tu es seule et laide
*
Être contraint à l’inertie, dans les abysses de sa mémoire, par les tentacules de l’autre, même absent.
entreprendre
la gueule à terre
à terminer ses phrases
trop vite
à vouloir enterrer
les trous de mémoire
la peur
dictée par le silence
au bout des mains
la peur empire conquiert
altière
sans embrasser sa face
le cœur ailleurs
mal-en-point
toujours malhabile
désœuvré
à l’essor stérile
aux phares écarquillés
le cœur égaré
fauve au nid détruit
nitrite crissé
inspiré
aux tympans déplumés
aux mânes immuables
aux meilleurs vœux
battures levées
promesses machinales
je t’aurais cousu
une courtepointe de vérités
dans le ventre
nos deux rives
submergées
tumeurs géantes
mers éreintées
je t’aurais émaillé
emmuré
chaque pas avant
étouffeur
le poids de tes ventouses
cimentage
le poids du gros bon sens
légion acculée
face au large
crachats brûlants
vandales d’œsophages
je t’aurais apprêté à toutes les sauces
je t’aurais gouté
en silence
sans somnolence