Aux êtres qui ont allumé la flamme de ma créativité et éclairé le chemin de mes pensées
Johanne Bernier
Atsuya Kimata
(EXPRESSION) Se sentir comme un nénuphar dans le désert : métaphore poétique pour décrire une situation où l’on se sent complètement décalé·e, isolé·e ou inadapté·e à son environnement. (Dictionnaire La Petite Claudine, 2023)
Préface
Si une fleur refuse de s’épanouir, incriminez-vous cette dernière ? Ou vérifiez-vous également l’humidité de son sol et la luminosité environnante ?
Les êtres humains, tout comme les fleurs, ont besoin d’un cadre adéquat pour croître. Et tout comme chaque fleur nécessite un environnement différent, chaque individu a des besoins spécifiques. Dans cette réflexion, nous abordons la notion suivante : aussi belle une fleur soit-elle, elle dépérira si elle croît dans un milieu qui ne correspond pas à ses exigences.
Ce conte nous invite à explorer la vie d’un nénuphar solitaire, confronté à un désert aride. À travers son histoire, nous découvrirons comment les conseils bienveillants d’un coyote lui permettent de prospérer. Une histoire qui révèle que chaque être vivant a besoin de trouver le sol propice à son développement, et que cet équilibre peut être la clé de la réalisation de soi. Ainsi, la beauté du nénuphar ne réside pas seulement dans sa fleur et ses pétales, mais aussi dans la symbiose qu’il crée avec son environnement. C’est une leçon que nous pouvons méditer en tant qu’êtres humains, nous rappelant que notre épanouissement dépend non seulement de notre propre force intérieure, mais aussi de l’harmonie que nous établissons avec le monde qui nous entoure.
Un nénuphar dans le désert
Au cœur d’un désert brûlant, parmi les genévriers et cactus tenaces, se nichait dans le lit d’une humble rivière un nénuphar solitaire. Défiant tous les préjugés d’un désert hostile, il s’épanouissait avec splendeur. Une fleur d’un rose tendre se dressait fièrement parmi ses feuilles d’un vert éclatant, créant ainsi un saisissant contraste avec le paysage orangé l’entourant. On aurait presque pu croire que la nature avait semé ce joyau dans cette étendue désertique pour nous rappeler que la diversité peut être source de beauté.
Cependant, bien que sa grâce attirât le regard admiratif de certaines plantes et certains animaux, le nénuphar était souvent la cible de moqueries et de railleries. Comme si quelque chose dans sa singularité les dérangeait. Il rêvait parfois de quitter cet endroit inhospitalier avec l’espoir de trouver un lieu où il serait enfin aimé et accepté. Un jour, alors qu’il se demandait pourquoi il avait été contraint de vivre là où il ne semblait pas avoir sa place, un coyote au pelage soyeux apparut à l’horizon. Sa démarche inspirait la sérénité ; son regard, la confiance.
Le coyote, intrigué par la présence du nénuphar dans cet environnement incongru, s’exclama : « Un nénuphar au milieu du désert, en voilà une surprise ! Au cours de mes déplacements, j’ai vu de nombreux nénuphars, mais jamais dans un endroit aussi aride. » Le coyote se mit à lui parler des forêts verdoyantes où vivaient ses cousins renards, et lui décrivit ces ruisseaux abondants où des centaines, voire des milliers de nénuphars vivaient en harmonie.
Aussitôt, le nénuphar se mit à rêvasser à cet endroit fertile où l’on pouvait prospérer dans des eaux riches. Comme il aurait aimé y vivre, pensa-t-il. Mais au même moment où il réfléchissait à ces mots, il eut un pincement au cœur, car la vérité est qu’il était attaché au désert. La majesté des canyons profonds et la quiétude des nuits étoilées le captivaient, et l’idée de les quitter le déchirait profondément.
À la suite de cette prise de conscience, il poussa sa réflexion et demanda au coyote : « Mais comment me suis-je retrouvé seul au milieu de ce désert ? »
« Peut-être que tu es ici pour apporter de l’espoir dans ce lieu désertique », répondit le coyote.
Le nénuphar médita sur ces paroles. Peut-être avait-il une mission, après tout… Toutefois, la lutte quotidienne qu’il devait mener pour sa survie lui pesait lourdement.
Comme si le coyote était parvenu à lire ses pensées, il ajouta : « Il te faut cependant t’assurer de creuser tes racines profondément pour puiser l’eau nécessaire à ta survie et persévérer malgré les conditions hostiles. Et dans les moments difficiles, il ne faut surtout pas hésiter à demander de l’aide aux autres ! »
« Mais les gens me perçoivent comme un fardeau ! rétorqua le nénuphar. On m’accuse souvent de voler l’eau nécessaire à la survie des autres plantes.
– Tu n’es pas un fardeau, très cher. Chaque individu apporte quelque chose d’unique et précieux. Tu sais, les nénuphars jouent un rôle crucial dans les écosystèmes aquatiques, offrant un habitat viable pour de nombreuses espèces. De plus, vous contribuez à maintenir l’équilibre des populations en fournissant une source de nourriture. Et n’oublions pas que ta capacité à survivre dans des conditions aussi hostiles est une leçon vivante de résilience ! Par cette dernière, tu enseignes aux autres comment cultiver une attitude positive, même en face de difficultés. Les plantes et animaux du désert ne comprennent pas encore ta valeur ; c’est à toi de la montrer. »
Songeur, le nénuphar se mit à penser tout haut : « Alors ma différence est positive pour les autres ?
– Exactement ! Et lorsque tu embrasses ce que tu es, tu deviens une source d’aide. Ne laisse pas les moqueries éteindre cette lumière. Rappelle-toi toujours que chaque être a un rôle important à jouer dans la vie et que l’équilibre de ce monde réside dans sa diversité. »
Le nénuphar, profondément touché par les paroles du coyote, décida d’embrasser sa nature. Désormais conscient que sa singularité constituait une force plutôt qu’une faiblesse, il se dédia à partager cette sagesse. Rapidement, son message se répandit, captivant l’attention et suscitant l’intrigue au sein de la communauté du désert.
Une prise de conscience émergea, dévoilant que sa différence n’était pas une menace, mais une richesse contribuant à l’équilibre délicat de leur écosystème.
Les insectes pollinisateurs, autrefois indifférents au nénuphar, contribuèrent désormais à sa prospérité, permettant ainsi à plusieurs autres nénuphars de filtrer et purifier l’eau rare et précieuse du désert, une ressource essentielle pour la communauté.
L’histoire du nénuphar devint une source d’inspiration. Tous comprirent que leur unicité représentait une contribution précieuse, participant à tisser la richesse de leur collectivité.
Ainsi s’acheva l’histoire du nénuphar, une leçon précieuse gravée dans les cœurs de tous ceux qui eurent le privilège de le côtoyer.
