tu as versé la poudre sur ta main dans le creux entre le pouce et l’index tu as tout reniflé versé à nouveau cette fois pour moi je me suis bouché une narine j’ai approché mon visage aspiré la kétamine attendu la dissociation l’engourdissement ne sont pas venus alors j’ai augmenté la dose mais rien ne s’est passé à ce moment-là je me suis demandé s’il était trop tard si ma perception de la réalité était erronée si je ne ressentais déjà plus la douleur si j’étais morte
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je regardais les événements défiler mais n’étais pas vraiment là ne participais pas ne prenais aucune décision ne ressentais rien quand la K n’a pas fait effet sur moi je me suis mise à douter j’ai eu peur que mes sens me trompent depuis longtemps peur de t’avoir laissé prendre le contrôle de devoir encore plus m’appuyer sur toi pour voir pour entendre pour comprendre le monde
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il ne suffit pas de le vouloir pour que la vérité émerge je savais que quelque chose clochait peut-être la couleur de tes yeux quand tu mentais mais je n’arrivais pas à distinguer le vrai du faux mon reflet dans le miroir mon visage sur les photos ne m’apparaissaient pas encore changés je continuais de me placer devant l’objectif devant ton regard dans l’espoir qu’ils me capturent telle que j’étais
NOTE
La création de cette œuvre a été rendue possible grâce à l’appui financier du Conseil des arts et des lettres du Québec.