MANIÈRE GAUVREAU
la nuit rentre une main dans mon armure de rauque immensité
j’ai sauté par une fenêtre et la fenêtre a sauté par la fenêtre
dans un désert mince comme du verre
les gaulacs ont creusé
d’alohantes neiges
MANIÈRE MIRON
la foule me prend longue transfusion des pluies vers le large
je veille concentré comme un plomb dans l’espace-temps
nécessiteux ma traîne de vie ramenée dans ma tête de bruit
insonorisée sans mot pour silence, cris
rires tombés comme neige dans une bassine d’encre
DANS UNE RUELLE
trois corbeaux (toujours trois ceux-là) se partagent
le lézard amoureux du temps
sur le fil grésillant les conversations de la pluie et du beau frère
rentrent en silence dans leur noix vide
un long jour de nuit les ont distillées jusqu’au secret
le grand jeu tourne à vide
les piétons dépassent les voitures
mais ne rattraperont jamais les plantes
SARCASTIQUE
le petit chien est entré dans un profond mystère
il saigne de l’œil dans l’eau de la fontaine