traces d’héroïne
sur notre peinture à l’aiguille
vomissures
sur le canevas
nous vidons nos estomacs
trop faibles
ballants
au bout d’une corde
si peu de cran
pour continuer nos œuvres d’amour
je carde tes cheveux
sur ton crâne vide
j’étire ta présence
jusqu’à l’aube
après
tu pourras partir
bardée d’un fusil à l’eau
je dégaine dans le miroir
mon corps s’évanouit au pied de ton lit
enveloppe-le de tes dentelles mouillées
jusqu’aux os
après nos cris désarmés
nos bronches s’étalent
en points de croix
sur la tapisserie
de ton salon
reste
encore un peu
avant la mort qui s’installe
nos mains sautent par la fenêtre
de notre chambre
suicide annoncé
ceci
ou
cela
rien à foutre
de ne pouvoir dessiner
la lumière à genoux devant nous
veut se faire pardonner
nos jours sombres
une douleur
en boucle
une douleur
savoir
trop mourir
tes lèvres épinglées
à ma boutonnière
commencent à pourrir
décomposition de ta chair
sur un air de Mozart
que tu n’as jamais aimé
parements de tulle
autour de nos cous
mortalité transparente
un mauve tendre
d’étranglement
la journée finit mal
assise
au milieu de nous
cheveux blancs j’ai froid
nos douleurs
un éloge à nos paroles qui disparaissent
à l’orée du bois
une lisière de tissu
personne ne viendra ramasser
nos corps de chiffon
notre tête est ailleurs
nos bras sont défaits
nos jambes sont vides
ne reste
que notre âme
trempant dans la boue
entre ta langue dans le chas de l’aiguille
un silence absolu
commence