ma main parle à la lune
dans le lit blanc ligné
d’un cahier
où les galets glissants
luisent sous l’eau
perles d’étoiles
ma main parle à la lune
au travers des rives échevelées
des joncs verticaux qui
poinçonnent le courant
des rideaux de barreaux
où rouillent les grenouilles
sur leurs radeaux de boue
ma main parle à la lune
dans la cage muette
des murmures illicites
des tabous manifestes qui demeurent tabous
des mots qui sont des
cordes à nos cous
le soleil exige
des idées à angles aigus
des ciels écarlates
des voix criardes
ou mortes
le soleil dit « il n’y a pas d’étoiles »
et les yeux chauffés à blanc
acquiessent
et les dos sont
des collines calcinées
mais moi ma main parle à la lune
ma pupille dilatée
filtre les lieux obscurs
et ni le
fouet du jour
ni le
poids des collines
n’effaceront
mes étoiles