Je m’intéressais depuis un moment aux activités du Centre québécois du PEN International sans pourtant envisager de me joindre à l’organisme. C’est lors d’une invitation de mon collègue et ami Mattia Scarpulla que j’ai accepté sans hésitation d’en devenir membre. J’ai alors découvert l’envergure des missions de PEN International. J’ai été surprise de ne pas mieux connaître une organisation créée il y a un siècle, qui a notamment mené des actions durant la Seconde Guerre mondiale.
Bien que le PEN International soit par définition international, il me semble que la synergie interne de chaque centre est tout aussi primordiale que sa relation avec les autres centres. Ses meilleur.e.s ambassadeur.drice.s sont de loin ses membres. Avoir le sentiment d’appartenance, faire front uni, être partie prenante d’un réseau fort et vivant, tout cela est rassembleur. Un cœur solide peut aisément alimenter un large organisme. La pandémie a affecté notre capacité à nous regrouper, à échanger sans barrière numérique. Il faut plus que jamais réinventer les occasions de nous retrouver. La passion a toujours été communicative. Alimentons notre passion pour mieux la transmettre ainsi que notre désir commun de faire une différence. La présence de PEN International est tout aussi importante aujourd’hui qu’elle l’était en 1921. De nos jours au Québec, il est parfois facile d’oublier que la liberté d’expression n’est pas acquise, qu’elle peut encore être remise en question ici comme ailleurs. Comment croire que certains subissent de grandes violences en prenant parole, en portant un regard critique et engagé sur leur société ou sur les systèmes politiques, quand d’autres utilisent ce droit fondamental pour propager des messages de haine sur des tribunes médiatiques?
L’éducation a une place privilégiée dans les actions du PEN International. Il faut poursuivre en ce sens, en étendant par exemple sa présence dans les écoles, par des activités littéraires, des conférences, la lecture obligatoire d’œuvres d’écrivains et d’écrivaines emprisonné⸳e⸳s, suivie de discussions sur la liberté d’expression. Encore une fois, la rencontre est de mise. Créer des occasions d’échange est indispensable, non seulement pour faire connaître les centres régionaux du PEN International, mais également pour s’ouvrir à la réalité de l’autre, à sa parole menacée.
Ma stratégie est ainsi centrée sur la rencontre. Allons à la rencontre des membres de P.E.N.-Québec afin de solidifier notre engagement, allons à la rencontre de l’autre, des gens de notre entourage – famille, ami.e.s, collègues –, et de la jeunesse : dans les écoles primaires, secondaires, universitaires. Soyons unis et tentons au mieux de protéger et de défendre ceux et celles qui n’ont pas le privilège d’être entouré.e.s comme nous le sommes, libres de dire, de poser un regard critique sur le monde. Surtout, n’oublions pas qu’il suffit d’un événement catastrophique, comme la guerre en Ukraine, pour que ce que nous croyons acquis nous soit retiré. C’est alors que nous voudrons compter sur la force tentaculaire de PEN International.