mon corps arqué dans les cratères de la rue
j’observe la planète se perdre
la rumeur de ma communauté
comme une nappe de lait sur mes brûlures
la nuit je vous aperçois
dans le soleil des fenêtres
j’essaie de décapsuler vos rires
cannés en caisses de douze
vos prénoms en échos
dans mes artères vides
la lumière des salons
est le seul voyage
qui nous rapproche
au fond de mon canyon flottent les morceaux
d’une existence sociale
organes en brochette
vie à broil
tenter de sentir quelque chose
entre deux insomnies
à vif
j’arrache une première couche d’identité
sous ma peau je découvre des souvenirs
dessinant au sol
de nouveaux points cardinaux
saviez-vous que la poussière accumulée
dans le cou des camions
est gorgée de poèmes?
le spectre des poètes
comme le bleu des flammes
une couleur qu’on ne peut
oublier
vos images permanentes en moi
me confirment votre existence
agrippée aux murs de la ville
ma communauté repose
orgueilleuse
refuse la sublimation
des doux jours de mars
branchée à une borne-fontaine
je pompe vos corps
d’un geste régulier
enfin la rivière de vos mots
se déploie
n’ayez pas peur
étendez-les partout sur le boulevard
peuplez le toit des maisons
enrobez les quartiers
de strophes bien chaudes
vos poèmes se déversant dans les gouttières
sont pour moi
un spectacle suffisant