Je suis dans ta chambre. Ta chambre emplie de choses que tu aimais : capteurs de rêve, collections de coquillages, montagnes de peluches. Sur la commode, à côté de ta photo, il y a une bougie. Je l’allume. Un doux parfum de lavande m’enveloppe aussitôt. Je me souviens comme tu aimais cette odeur… Sur le cliché, tu souris avec ton petit chat dans les bras. C’est moi qui l’avais pris un matin alors que tu semblais à peine réveillée. Je t’avais dit comme vous étiez beaux tous les deux, avec vos yeux pers, mais que je préférais encore plus les tiens. Tu étais partie à rire… Quelques dessins inachevés reposent parmi d’autres papiers. Et près de la porte, ton sac d’écolière t’attend avec ton grand chapeau en jean enjolivé de petites fleurs. Tu en brodais partout pour mettre « une touche personnelle », comme tu disais, toi qui rêvais d’être designer de mode.
C’était avant. Avant cette pandémie. Ce confinement. Un jour, une de tes amies t’avais invitée à son anniversaire. Et quelque temps après, tu ne te sentais pas bien. Même le smoothie aux fraises que je te préparais tous les matins et dont tu raffolais te semblait sans saveur. Je t’avais aussitôt emmenée à l’hôpital, où on t’avait finalement gardée.
Le soleil brille à travers les rideaux bleus (ta couleur préférée), projetant, dans la pièce, une lumière diffuse. Je m’approche de la fenêtre et regarde au-dehors. Quelle journée magnifique! Pas un nuage dans ce ciel d’azur. Quand il faisait ce temps-là, nous partions souvent à vélo ou en patins à roulettes, même si tu n’étais pas encore tellement bonne… De l’autre côté de la rue, des enfants s’amusent à la récré tandis qu’un immense arc-en-ciel dessiné à la craie sourit aux passants avec ces mots, maladroitement écrits : « Ça va bien aller. »
Je voudrais tant que ce soit vrai.