Émerveillée, ton pouce caresse sa joue pendant qu’il imagine tes jambes tombantes le long de son corps. Te faire de l’ombre le durcit. Ses mains sur tes hanches t’épongent… Tu crois qu’il savourera la plage entre tes cuisses crémeuses, mais il oublie déjà le goût de ton odeur, le chatouillement de tes cheveux dans son cou. Il se rappelle s’être assis sur ta chaise de cuisine, ton corps dessus qui montes et qui descends, toi sa jolie pâte à modeler.
Un puits sans fond dans mon estomac.
Ton intérieur se mouille lorsqu’il te presse contre lui. Tu l’ignores, mais il salira ta chair. Ses yeux te violeront, te menotteront sans consentement à sa tête de lit. Il te fripera comme de vieux vêtements, élimera même ta candeur.
Tu m’observes un moment sans deviner que je me languis, que tu provoques des séismes dans mon bas-ventre. Lorsque tu danses, captive des désirs de cet homme, j’en saigne. Ma meilleure amie, tu n’as besoin que d’être toi pour me torturer.
Tu le quittes, tu t’approches de moi. Je détourne le regard et commande au barman ma cinquième pinte ; je me sauverais volontiers de ce bar pourri, mais tu glisses ton bras sous le mien. On s’emboîte naturellement toutes les deux. Tu me demandes comment je le trouve, et je souris bêtement, car je refuse de te tacher avec mon désenchantement.
L’autre soir, je n’aurais pas dû te goûter. Je revois les draps blancs te caresser. Tes seins qui m’étourdissent. Parfois, je sens tes ongles qui me transpercent jusqu’à m’en griffer les poumons.
Qui s’agrippe ainsi pour dire au revoir ?
Toi, ton top noir, et tes jeans serrés !
Tu me scrutes si intensément que tu déterres les souvenirs de notre nuit passée. Sens-tu à nouveau ma salive, ces vagues chaudes qui ont frappé ta langue ? Blotties l’une contre l’autre, j’ai fait semblant de dormir, je craignais que mon réveil empêche ta bouche ou tes doigts de me trouver. Puis, tu as murmuré fais-moi fondre. Un bien-être immesurable me donnait envie de sangloter. Lorsque tu te tortillais sous l’effet de mes doigts en me suppliant de ne pas m’arrêter, on s’expatriait du monde. Tu m’émouvais quand tu les insérais en toi si profondément que je te grattais le cœur.
Ton souffle chaud à mon oreille s’empare de tous mes espaces et me barbouille. J’essaie de vibrer pour les autres, mais tes gémissements les font disparaître. Rien n’existe dans la pièce à part tes épaules dénudées.
On discute un moment, tes mots m’envoûtent. Il t’appelle en ouvrant les bras, il t’aspire. Tu le rejoins en bougeant lentement du bassin, tu suis le rythme. Tu l’hypnotises. Il s’imagine déchirer ta robe, explorer sans douceur des kilomètres de ton corps à quatre pattes. Il veut des marques, des égratignures. Tu lui chuchotes d’une voix éprise dis-moi que je te fais fondre. J’aimerais soudainement nous vomir.
Tu es amoureuse chaque fois qu’il te contemple. Ça provoque la collision de tous mes continents. À quelques reprises, nos regards s’analysent. Victime de tes allers-retours, je me réfugie dans la moiteur de notre nuit. Tu me mitraillais de frissons lorsque tu me chuchotais de te serrer très fort. Tellement de fois on s’est ratées. Tes courbes créent un tas de mouvements, me donnent envie qu’on se frotte jusqu’à se liquéfier ensemble, jusqu’à former une masse anonyme. Mais il s’approprie tout ce que j’ai pu toucher
On ne se mélangera plus. Je ne mettrai plus jamais mes lèvres sur les recoins cachés de ton corps.
Je vis désormais dans un centre-ville sans lampadaire allumé. Et tu donnes tous tes feux d’artifice au mauvais cavalier.