partout autour vos rues sentent le soufre
l’envie de me frotter l’envie
d’étincelles et goudron frais
partout autour les rues sont là
et crient le nom que je me suis donné
quand j’étais presque mort de jeunesse en banlieue
d’avoir trop mangé la neige à la pisse de chien
les pissenlits au round-up la crème glacée à la garnotte
juste pour être dans la gang
avec mes frères et sœurs de buvard
je me suis frotté jusqu’à la noircissure la fumée me sort par la craque des dents
on m’a rebaptisé sauvage au fond du sous-bois
béni par l’eau septique du quartier des Hirondelles
au milieu des ados tristes
je me suis vu devenir l’enfant que j’aurais dû être
la carrière huit à cinq secrétaire au ministère
ma mort n’en être pas une
la vôtre se noyer dans la terre
et les langues au pétrole
poumons goudrons
gorges étouffées au plastique
et mains terres rares
j’ai vu les dents au fluorure de jaunisse
les culs blanchis aux bonnes intentions
les cheveux permanentés d’hypothèques
avec toujours l’envie de crier
c’est à jamais ça
câlice vous le savez pas ?
sorcier de cul-de-sac nourri aux plats congelés
mes os n’ont pas fini de me propulser
quand je serai en haut vous aussi vous verrez
que c’est nous
les fleurs qui poussent dans les craques du prélart
les bébés dopés au nettoyant à plancher
les échappés avec l’eau de vaisselle
c’est nous
notre L’Oréal kids à l’avocat
la pâte à dents charbon
l’écœurement saveur tofu et lait d’amandes
c’est nous
notre colère franglaise va sentir le brûlé
vos larmes vont goûter la bière sure
vos maisons usinées redeviendront poussière
et parce que c’est nos corps au complet qu’on va crisser en feu
ce jour-là
aucune promesse ne saura nous éteindre