Prologue
dans mon atelier je croque ma mère
et couche avec une hirondelle
les tableaux se mélangent à mon sexe
et j’allume une cigarette d’été
avant de mourir
d’elle
Je t’aime Maman
l’autre version de moi enfant
me regarde dans le miroir
et vagit en se perdant
dans le creux des marques sur mon corps
tracées par les roses sauvages
que tu m’avais envoyées
de ton voyage en Algérie
*
sur le bûcher malade de ta famille
j’actionne moi-même
la guillotine reçue à ta fête
en compromis
je te regarde couler
engloutir nos étoiles rouges
*
tous les matins
j’échappe nos docteurs
dans le mal de ventre
que tu m’avais infusé
une nuit en tête à tête dans tes bains
je sors sur le balcon
embrasser la grande ourse
ma dernière poésie
*
ton angoisse est mur de béton
autour de moi qui m’empêche
à l’ouest Canadien
de retrouver mon lit
te souviens-tu encore
des tulipes amoureuses
*
tu m’avais perdu dans la rangée 5
entre les chips et les gros
qui achetaient leurs bières
je suis sortis du supermarché
18 ans plus tard
pour que tu me retrouves
*
la tomate tranchée trop grosse pour toi
que je rétrécis chaque fois
pour que toute la famille en profitent
jusqu’à ce que je me saigne
en souvenir de notre liaison de drame organique
en souvenir de toi
qui me rappelait de toujours tenir
mon couteau dans la mauvaise main
*
j’ouvre le cordon ombilical
avec le cristal de mes amoureux
en cavale avec mes molaires et
tu consommes ton indifférence
comme on patch des semelles de bottes de pluie
oubliées par nos colères du printemps
*
la police est venue dans mon bivouac
pour me sauver des spasmes
de ta génétique
je lui ai dit merci beaucoup
et suis mort
sous les larmes de plomb
de tes beaux yeux bleus