Billie

Le compteur à 140. Le cadran à 2h40. J’ai envie de rire comme ça ne se peut pas. Envie de dégueuler par la fenêtre aussi.

Je suis encore soûle.

On est encore soûls.

Patrick la prudence, à mes côtés, qui pilote la vieille Golf d’une main, l’autre trop occupée à tenir sa bière.

Oui, on est cons.

Le siège arrière en bordel, nos instruments n’importe comment et Le-Chat-Qui-Demande-Jamais-Rien (encore) endormi sur mon acoustique. Je ne sais pas si demain j’aurai la force. Ni si demain j’aurai la voix ou encore les notes, les paroles.

Mais.

La lune qui se moque de moi là-haut. Ce chat qui ne demande qu’une vieille guitare pour dormir. L’alcool dans mon sang qui me fait tituber. La Golf qui menace de tomber en pièces. Et Patrick à proximité.

C’est ma recette préférée.

***

Je ne comprends toujours pas comment on a traversé les douanes, nous et nos airs trop louches et nos accents dégueux.

Is your car gonna survive the trip?

– You bet! This car is Optimus Prime!

Et devant l’air soucieux du douanier, la Golf a traversé la frontière.

Premier Concert

Au Black Hat Pub. Concert est un terme plus ou moins exact. Disons que c’était surtout moi, Patrick et Le-Chat-Qui-Demande-Jamais-Rien (endormi entre nous deux) dans un pub, en train de fredonner des airs connus.

This is Major Tom to ground control, I’m stepping through the door

And I’m floating in a most peculiar way

And the stars look very different today

For here am I floatin’ ’round my tin can far above the world.

Je me sentais comme Major Tom. Comme après avoir quitté un monde. Ou en train de flotter au-dessus du mien.

Patrick disait tout le temps qu’on n’avait pas la preuve de ne pas être immortel tant qu’on était encore en vie. J’ai compris que ça avait peu de sens, cette façon de voir les choses. Mais c’était une façon qui me plaisait. C’est à partir de ce moment-là que nous avons commencé à rêver le jour et à dormir la nuit.

Patrick

Avant

Billie et moi habitions dans un jumelé. Moi à gauche, elle à droite. Nous étions les seuls enfants du voisinage et, par conséquent, les maîtres du monde. Je ne peux compter toutes les fois où Billie, alias Wonder Woman, moi, alias Superman et Le-Chat-Qui-Demande-Jamais-Rien, alias Green Lantern, avons sauvé la ville d’une dramatique destruction.

Un peu moins avant

J’avais 19, elle 18. Dans ses petits yeux tristes, que de la brume. J’ai tenté en vain de chasser le brouillard avec mes mots. Mais le Bonheur n’était pas là. Parti dans un weekend pour deux avec sa blonde Espoir, aux Bahamas.

J’ai ramassé par hasard la guitare qui gardait la poussière au fond du garage. Fredonné Le P’tit Bonheur de Félix d’un air absent. Billie s’est retournée et a commencé à chanter avec moi. Elle a pris sa guitare bleue qui trainait sous un comptoir de clés à molette. Et s’est mise à jouer les accords. Trois heures et mille constellations plus tard. Il faisait froid, j’étais fatigué, mes doigts avaient mal. Mais je ne voulais pas m’arrêter.

Billie m’a regardé au beau milieu de Lindberg.

Partie sur Québec-Air, Transworld, North-East, Eastern, Western

Puis Pan-Américan

Mais j’sais pu où chu rendu

– Je suis heureuse, Pat.

Et son sourire me disait : « Tu l’es aussi. »

Deux mois plus tard, on pliait bagages; le chat, les guitares, les autres instruments dont on ne sait pas encore jouer, les cartes routières et des becs à tout le monde. Bonsoir, elle est partie la vieille Golf rouge 1992.

Le bonheur était supposément par en avant.

Billie

Maintenant, Près de la frontière Ohio-Kentucky, 19h24

– Patrick. S’il te plaît. Ça ne peut pas continuer.

Je le vois soupirer comme lorsque je l’avais convaincu de manger une araignée vivante. Il se résigne à cogner à la porte de la petite maison champêtre. Comme c’est écrit « Les Tremblay » sur la boîte aux lettres, je lui ai fait arrêter la voiture en catastrophe. Il ne peut plus me sortir l’excuse du j’ai-un-accent-débile-en-anglais. « Ça suffit, je ne dormirai pas une nuit de plus dans la voiture! » Bon.

– B… Bonjour Ma… Madame (se racle la voix). Moi et mon amie sommes sans logis et. Sans armes nucléaires, bien sûr. Ou… ou quoi que ce soit qui fasse « pow », « boum », « bang »…

Avant qu’il ne finisse par gâcher tous mes espoirs, je baisse la fenêtre avec la manivelle et crie : « NOUS AVONS BESOIN D’UNE CHAMBRE! » Patrick se retourne, et visiblement gêné, se frotte le crâne en souriant bêtement à la grand-mère devant lui.

Le-Chat-Qui-Demande-Jamais-Rien sur les épaules, j’entre dans la maison en trainant Patrick par la main. Mamie Tremblay a de la visite de ses petits enfants, enfin! Elle a l’air si joyeuse d’y croire que je profite de son ouïe et de sa vue défectueuses pour nous rendre tous heureux. Une vraie bonne scout.

Pendant qu’une tarte aux pommes, un pudding au pain, une dinde aux canneberges, un poulet au beurre et un gâteau aux fruits attendent patiemment leur heure dans le four, je cours vers la douche comme une déchaînée en criant :

– Moi d’abord!

***

Je redescends avec quelques oiseaux, lapins et fleurs qui me suivent parce que je sens le printemps. À la cuisine, encore, Mamie Tremblay qui roule sa pâte à tarte.

Patrick est dans le salon, assis en indien comme un enfant de cinq ans, à trois pouces de la télévision. Il a étendu les VHS sur le tapis turquoise. Des VHS que ma grand-mère devait aussi avoir achetés, exprès pour nous. Des Roi Lion, Petite Sirène, Peter Pan et Livre de la Jungle. Des Disney, des vrais de vrais, en dessins, en bonhommes, des années où c’était de mon âge.

À deux doigts de l’écran cathodique, Patrick entonne, en même temps que Mufasa :

– Tu m’as oublié en oubliant qui tu étais. Regarde en toi, Simba. Tu vaux mieux que ce que tu es devenu. Tu dois reprendre ta place dans le cycle de la vie.

Et je réponds, en même temps que Simba :

– Mais comment la reprendre? Je n’ai plus aucun pouvoir.

Je ne suis même pas capable de compter sur mes doigts le nombre de fois où on l’a écouté ensemble.

« N’oublie pas qui tu es. »

***

En plein milieu de la nuit, le ventre plein qui sourit probablement de tout le sucre dont on l’a gavé. Mais moi je n’ai pas envie de sourire.

Non, pas du tout.

La lune me chatouille la joue avec sa petite lumière mauve-bleu-blanc bien arrogante. Mes yeux sont dans la graisse de bean en attendant de s’habituer à la noirceur.

Et tout à coup, je n’y peux rien, je pleure. Comme un gros bébé potelé. Je pleure parce que je ne suis même pas chez ma grand-mère; non, la mienne est partie. Je pleure parce que ma mère est loin maintenant. Et mon papa aussi. Et toutes ces choses qui ont une histoire, un souvenir, une chanson, pour moi. Tout ce que j’ai toujours reconnu; mes sapins, mes huskies, mes suits d’hiver, mes rues Cossette, Tremblay, des Peupliers. J’ai encore en tête le visage de Mufasa qui me dit « N’oublie pas qui tu es ». Mais je me suis quand même oubliée, en miettes, un peu partout, comme des cendres, comme un souvenir. Un peu dans un vieux tiroir fermé à clé, celle qu’on a égarée avec les cahiers anciens. Des carnets remplis de fautes qu’on a faites à neuf ans. Un peu dans le lac chez ma grand-mère, le lac où on remplissait des chaudières de sangsues pour les lancer sur les méchants gamins d’à-côté. Un peu aussi dans chaque pas que j’ai fait, dans chaque larme que j’ai versée, un peu plus, tout bas, tout bas, chaque jour, dans chaque tic, chaque tac, je m’oublie.

Patrick

Le lit de Billie est vide dans la chambre à l’étage chez Mamie Tremblay. Vide comme mon estomac, qui a tout renvoyé aux toilettes. Billie m’aurait bien dit qu’elle me l’avait bien dit, mais son lit est vide. Et c’est un peu vide de sens.

J’accroche Le-Chat-Qui-Demande-Jamais-Rien à mes épaules, descends l’escalier et tombe face-à-face avec le dentier de Mamie Tremblay. La vision étonne, je décide de sortir un moment. Et vite.

Il y a trois mille étoiles qui me regardent dans le creux des yeux. Je crois même qu’elles creusent encore plus loin que le creux, jusqu’aux larmes. Je ne sais pas où est Billie quand j’ai besoin de lui montrer quelque chose. Elle regarde toujours ailleurs, dans une autre direction, une autre télé, le mauvais bonhomme, la mauvaise bâtisse. J’aimerais crier son nom, mais les étoiles m’ont collé la bouche avec leur petite poussière salissante. Billie… Regarde, je pense que je l’ai trouvé, le bonheur. Je pense que c’est ça, juste là. Mais je n’arrive pas à le ramasser.

Je regarde autour de moi. Le silence me fait mal aux oreilles. Le temps de me retourner, le bonheur s’est sauvé. Et le lit de Billie est encore vide.

Billie

À l’autre bout du champ

Je vois Patrick là-bas qui rentre. J’aurais pu crier son nom. Mais j’ai décidé d’être triste qu’il ne me cherche pas. C’est ma faute à moi. J’ai fait exprès de le chasser, son bonheur. Ce n’est pas le moment. Je me recouche dans l’herbe glacée, le corps écrasé par le ciel, le mascara mal essuyé autour des yeux. J’ai envie de prier. Prier qui, prier quoi, pourquoi même, je ne sais pas. J’ai envie de leur crier, à ceux qui ont arrangé toute cette grosse patente-là, que c’est vraiment mal arrangé. Ils devraient revenir et refaire leur travail. Parce que moi, je trouve ça laid. J’habite dans un monde brouillon.

Je me mets à lancer des mottes de terre au ciel, comme s’il me voyait, comme s’il m’entendait, comme si ça allait changer quelque chose. Comme si j’allais atteindre quelqu’un, quelque part, là-haut.

« Tu le sais, Billie, c’est vide. Comme ton petit cœur. »

***

– Ok Patrick, j’y vais.

Je sors de la Golf en serrant mon vieux fusil à pétard pour m’empêcher de trembler, et je pousse la porte de la station-service qui sent le vieux vomi d’un ancien soir de brosse. Le fusil pointé en direction de la petite caissière de quinze ans, qui me regarde avec des yeux ronds comme des deux piastres, je gueule de mon air le plus Monica-la-mitraillien :

-Caaanndiiiies!

Elle me lance nerveusement tous les paquets de bonbons qu’elle peut trouver et j’en reçois un directement sur le nez.

– Aoutche!

Je me venge en lui renvoyant violemment un des paquets au visage et m’enfuis le plus vite possible.

– Patriiick!

Je jette les bonbons sur la banquette arrière en réveillant Le-Chat-Qui-Demande-Jamais-Rien, qui me regarde comme si j’étais débile.

– Démaaaaarre!

Patrick

Après les peppermints roses de Mamie Tremblay, ces bonbons-là sont comme un bain moussant à la vanille qui réchauffe d’une guerre de boules de neige. Je pense que je me risque à parler de bonheur.

Lorsqu’on a dit au revoir à Mamie Tremblay, Billie et moi, elle nous a rempli le coffre arrière de tourtières et de tartes aux fraises en me faisant promettre de lui écrire souvent. J’ai oublié l’adresse. J’espère qu’elle sera morte avant de s’en apercevoir.

Il vente doucement. Le champ est désert, les foins se bercent comme mille petits princes de Saint-Exupéry; nous avons étendu nos bonbons gratuits au milieu d’un cercle Moi-Billie-Le-Chat-Qui-Demande-Jamais-Rien. Il fait beau, au-dessus de nous. Mais un peu moins dans l’ouest.

Je regarde Billie avec un sourire d’enfant de cinq ans et lance :

– Le dernier dans le lac est un gros rat mort en décomposition!

Elle fronce les sourcils, la bouche pleine de Gummy Bears, alors que je me lève en courant. Billie crie des gros mots derrière. Je me tourne et la vois qui s’essouffle, Le-Chat-Qui-Demande-Jamais-Rien sur sa tête, s’agrippant à ses tempes jusqu’au sang. S’il savait ce qui s’en vient.

Le-Chat-Qui-Demande-Jamais-Rien

Je suis un gros rat mort en décomposition. C’est ce qu’ont conclu Billie et Patrick après maintes délibérations. Je suis le dernier dans l’eau. Dans l’eau. Yarke. Je ne sais pas ce qui m’empêche de les mordre. L’amour peut-être. Oh! Un moineau!

Billie

Quelque part au milieu du Missouri

Presque une centaine. Une centaine de faces d’Américains droitistes pas d’cœur. Qui me regardent. Qui nous regardent, nous trois, comme des steaks au poivre.

Qu’est-ce que je fais là.

Je vais leur réciter ma petite comptine. Tenter mes accords (que je connais mal). Sourire comme si je voulais être là. Faire semblant que le gros vieux avec sa casquette du Tea Party, dans le coin-là, il m’intéresse. Me quêter du tips. Trémousser mon derrière, comme si ça intéressait quelqu’un. Faire embarquer Patrick, comme si ça les entraînait tous. Faire croire que je vends du rêve, même si je n’ai rien dans mes poches. Et me soûler encore, pour oublier que j’ai perdu mon sourire sur le bord du chemin.

Oui, oui. Tout ça.

Freedom’s just another word for nothing left to lose

Tu n’as jamais si bien dit, Janis. Mais je ne comprends même plus ce que je chante. Je pensais que j’étais dans cette chanson-là. Je pensais qu’on avait le freedom dans nos valises. Et nothing left to lose.

Mais j’ai perdu ma recette préférée. Et c’est déjà bien assez. Bientôt ma voix va se casser. En un milliard de morceaux encore plus petits que des atomes, partout sur le semblant de scène sur lequel on est. Des pièces invisibles d’un casse-tête impossible. Et personne ne verra.

Ça y est.

Patrick

J’ai eu le réflexe de tenir ses cheveux. Mais elle a quand même vomi sur ses pieds. C’est le chaos total dans le bar. Une belle fille comme ça qui vomit, est-ce qu’elle a une maladie du démon? Ma pauvre Billie, vite, cours, je prends le chat, je le mets dans mon chapeau, dépêche-toi de fuir. Le vomi éclabousse partout, dans tes cheveux même. Ils doivent penser que t’as le corps malade, les Américains à droite pas d’cœur.

Je démarre, tu peux mettre du vomi partout où tu veux, laisse faire les guitares, je pense qu’ils nous poursuivent avec des torches. Ou des fourches, je ne sais pas.

Je m’arrête près d’un lac. Je t’apporte comme un bébé, jusque dans l’eau, jusque dans le tout-trempe, le tout-noir. La lune n’est même pas venue nous voir. Tu t’accroches comme si tu te noyais. Je touche au fond, Billie. Tu t’accroches comme à une vie. Il faut que tu te laves le corps, même si ça ne lavera pas ton âme. Je sais que tu n’es pas malade, je sais que c’est par en-dedans que ça fait mal, par en-dedans que tu es sale pour vrai, je sais.

Elle me lâche enfin. Garde encore ma main. On lave le vomi multicolore aux bonbons. Et finalement, on se sèche, couchés dans le blé, les yeux au ciel, essayant de deviner le nombre d’étoiles.

Billie

J’ai tout essayé. Le Febreze, l’eau de Javel, les œillets, le vaudou, j’ai même pensé au sacrifice humain, mais Patrick ne croit pas que c’est une bonne idée. Franchement, moi non plus, mais ça sent mauvais. La voiture entière sent les gummy bear digérés. Et on n’a plus de guitare. Arrivés à ce point, je sais que les exercices de respiration de ma mère ne fonctionneront pas. Et que ce n’est qu’une question de temps avant que la boule immense dans ma gorge me sorte par les yeux.

La vérité, c’est qu’il n’y a pas de recette. La vérité, c’est que j’ai un sourire de rechange dans ma poche.

La vérité, c’est que dans mon ventre, il y a un petit enfant qui gueule et qui pleure, qui voudrait du lait pour tremper ses biscuits au chocolat, une histoire avant de s’emmitoufler dans des draps de coton, sa veilleuse du Roi Lion pour le garder toute la nuit, qui voudrait se lever à six heures du matin pour regarder les dessins animés du samedi.

Mais la vérité, c’est que les dessins animés du samedi, ils ne me font plus rire. Et que le samedi matin, maintenant, je veux dormir. La vérité, c’est qu’avec une veilleuse, aujourd’hui, je n’arrive plus à dormir, et que le lait et les biscuits au chocolat, ça fait grossir.

Et la vérité, c’est que je demande l’avortement, la césarienne d’urgence, le flushage d’enfant. S’il faut, j’irai le chercher moi-même dans mon ventre et le jetterai dans un fleuve.

***

Non, non. Attendez.

Je ramène mon petit enfant, je le tiens par la main, je l’installe dans mon cœur, lui raconte une histoire et le borde. Dors, maintenant. Et fais de beaux rêves.

Patrick

– Récapitulation !

– Un mini clavier, une mandoline et un triangle.

Billie me tend avec dégoût le dernier instrument. Le triangle. C’est l’instrument qu’on donne aux plus mauvais ou à ceux en punition. Je le prends et le jette dans le fossé. Il doit sûrement porter malheur. J’enlace Billie qui fuit encore comme un robinet mal fermé. Goutte à goutte à goutte. Elle va finir par se vider. Puis je lui tends la mandoline.

– Tu sais jouer de la mandoline, Billie.

Elle fait oui de la tête. Je prends le mini clavier, le mets à on et m’assois sur le coffre arrière pour jouer une mélodie. Il Était un Petit Navire. Je sais qu’elle connaît les notes. Elle n’est pas aussi mauvaise qu’elle veut me le faire croire. Elle est dos à moi. J’ai peur de la voir tomber le visage premier sur l’asphalte. Mais non. Elle prend sa mandoline comme un bébé, place ses doigts sur les cordes, et me suit. Les morceaux éparpillés de sa voix, elle les recolle lentement. Et elle chante. On chante. Parce qu’il n’y a plus que ça à faire. Parce que ça nous donne une raison de rouler vers le sud. Ça nous donne une raison de ne pas retourner chez nous comme des peureux. Parce qu’on sait très bien, au fond, que le malheur attend juste ça pour nous attraper. Parce que moi, Billie et même Le-Chat-Qui-Demande-Jamais-Rien, on garde toujours un sourire de rechange dans la poche arrière de notre pantalon. Parce qu’on sait, à partir de maintenant, que la bonne direction, c’est par en avant. Côté sud. Et que les petits enfants, dans nos ventres à nous deux, sont au lit, bordés, en train de dormir, enfin. Et ils font de beaux rêves, on ne s’en fait plus.

Parce qu’aujourd’hui, ici, maintenant. C’est nous trois contre la vie. Troisième round. Et on sait déjà qu’on va gagner.

RIDEAU