on se souviendra de cette bataille avec Annie Grondin en secondaire 1 ou 2 les années ont plus d’importance est-ce qu’elles en ont déjà eu de toute façon surtout au secondaire à la Polyvalente des Abénaquis où la meilleure façon de tuer le temps c’était de passer les pauses et les heures de dîner à la bibliothèque à lire des romans d’Agatha Christie Hercule Poirot sur son 36 enquête sur le meurtre d’une vieille de 95 ans éventrée à la scie sauteuse pendant qu’elle buvait son thé pas trop sucré avec un peu de lait ou j’allais me renfermer dans les toilettes pour échapper aux autres qui passaient leur temps à m’écoeurer pour qu’on m’oublie juste deux secondes les années ont pas d’importance les années ont plus d’importance toi encore moins que tous les autres finalement tu t’es cassé combien d’ongles dans ta bataille avec Annie Grondin catfight de deux crisses de folles hystériques finies raides même pas capables de revenir à la raison après deux trois claques du revers de la main faut dire que ça prenait pas grand-chose pour te faire pogner les nerfs la seule qui était capable de t’endurer c’était Julie Paquet et peut-être les deux jumelles blondes bizarres avec des lunettes et même encore votre amitié a pas survécu à ton caractère de marde tes crises de diva ton air bête supérieur fendant comme toujours à 4 ou 5 ans ou peut-être moins tu étais chez ton grand-père juste en arrière de chez nous tu avais la face maquillée tu étais peut-être allée à l’OTJ je sais pas difficile à savoir je me baignais dans ma barbotteuse et tu as dit que j’étais juste un gros bébé lala astheure c’est toi qui prends soin des vieux bébés lalas qui se rendent même pas compte qu’ils se chient dessus aimes-tu ça aimes-tu ça brancher leur soluté si c’est le genre de job que tu fais pour la paye aux deux semaines ou à la semaine si tu es chanceuse ça va te faire un beau plan de carrière tant qu’à ça tu aurais peut-être dû rester chez Burger King le petit cadeau de chez Burger King amenez-le chez vous puis sacrez-le aux vidanges c’est combien pour un whopper (faut pas prononcer whiper ça ça essuie les vitres de char) une frite une grosse liqueur puis peut-être un oignon français j’haïs pas ça avec la petite sauce calcule-moi ça avec les taxes on a peut-être grandi dans le même village on est allé à l’école ensemble et on a même étudié au superbe Cégep Beauce-Appalaches camp de réfugiés pour orthos qui ont pas été acceptés dans les cégeps des grands centres ça veut pas dire qu’il faut qu’on se respecte ça veut pas dire qu’il faut qu’on ait des sentiments l’un pour l’autre même pas de la haine de la colère je suis trop fatigué pour ça surtout tu mérites pas que je consacre le peu d’énergie qu’il me reste à exprimer des sentiments qui sont encore trop nobles pour toi à endurer ton air snobinard je-me-prends-pas-pour-de-la-marde-je-me-prends-pour-l’univers-tout-entier-parce-que-je-suis-la-plus-fine-et-la-plus-belle miroir miroir dis-moi qui est la plus belle ton air je me crisse de tout le monde comme la fois où je t’ai rencontrée dans le village je me promenais avec mon père pas loin de la caisse pas un regard pas un sourire rien juste ton air bête all the way to the top faut croire que dire salut va faire craquer ton visage pourtant je t’avais revue à Saint-Georges quand tu sortais avec Roby Bolduc tu en avais de la jasette ça devait être la Smirnoff ou les drinks qui faisaient ça tout ce que tu méritais c’était de te faire remettre à ta place solide le seul qui a réussi à le faire c’est Pierrick avec la fameuse pièce de théâtre tu as pété ta coche en smashant les décors avec tes mains elles étaient en sang tout ça pour une ostie de niaiserie une question de oui ou de non de peut-être de prix des billets d’orgasme du Bonhomme Carnaval comme si je le savais le savais-tu toi pourquoi tu agissais comme une folle finie et pourquoi tu en es probablement encore une c’est peut-être l’une des plus grandes énigmes de tout l’univers ça et le fait que les blessures finissent pas guérir un peu avec le temps les années ont jamais eu d’importance elles auront plus jamais d’importance
Par Nicholas Giguère|2017-10-04T08:13:43-05:004 octobre, 2017|En résidence, Nicholas Giguère, Nouvelles, Récit, Textes de creation|
À propos de l'auteur: Nicholas Giguère
Né en 1984, Nicholas Giguère termine sa thèse à l’Université de Sherbrooke. Il a publié des textes dans Boulette, Cavale, Le Crachoir de Flaubert, Les Écrits, Le Pied et Moebius. Le recueil Marques déposées a été publié aux Éditions Fond’Tonne au printemps 2015. En mars 2017, il a fait paraître Queues chez Hamac. Un autre ouvrage, Au 5e étage, à l’Envol, est en préparation.