« D’abord il te faudra aller nulle part. Puis connaître le hasard, les regrets, la chance, l’errance, la folie pour enfin accéder au rêve. » – Maxence Fermine, Amazone
« I might not be an interesting man, but I have lived an interesting life. » – Austin Rain Glenn
En juillet 2015, j’écris sur la première page de mon premier carnet: « On verra bien ce que la route nous amène. Étonnamment, je n’angoisse pas du tout à l’idée de ne pas savoir où je serai et ce que je ferai dans deux jours ou dans six mois. Je suis sereine, libérée de la routine et partante pour l’aventure! » Huit ans plus tard, je ne peux toujours pas dire avec certitude où je serai dans un mois ou dans un an. Ma vie est une joyeuse errance.
La continuité d’une enfance rythmée par les déménagements (13 en 15 ans): ma mère ne tenait pas en place. Ma grand-mère aurait fait pareil si elle avait pu. Nous sommes « des femmes fluides, fuyantes, chercheuses d’oasis de mère en fille » (Gabrielle Filteau-Chiba, Hexa).
Est-ce la quête de soi, dont chaque face se dévoile au fil des expériences? Est-ce la peur de l’engagement, de s’enliser dans une routine contraignante, de l’ennui? L’envie de l’extraordinaire à tout moment, à tout prix?
Déchirée entre deux terres
Je sème mon ADN à tout vent
Sans attendre la floraison
Je repars
Se déplacer constamment exige de ne rien accumuler sauf les cartes postales, les photos, les souvenirs, les connaissances. La vraie valeur se compte en kilomètres parcourus, en aventures vécues, en paysages contemplés, en plantes, animaux et gens croisés. Je n’ai ni domicile ni gagne-pain fixe, rien de prévu ou d’espéré. Seulement la perspective de découvrir le monde et un peu de moi-même. J’apprends à être bien partout, à repousser mes limites, à gérer l’anxiété. J’explore et expose ma vulnérabilité.
« Savoir se libérer n’est rien; l’ardu, c’est savoir être libre. » (André Gide, L’immoraliste)
De manière inverse mais tout aussi vraie, je doute de ce mode de vie. Rien de solide et de durable sans stabilité, semble-t-il. Pas de prospérité sans propriété.
J’arrive pourtant à me maintenir à flot, constamment dans l’espoir d’une saison favorable qui pourrait ne jamais arriver. La nature gouverne les récoltes et les récoltes gouvernent ma vie.
Je choisis l’éphémère, la légèreté. Je suis cigale et l’hiver ne me fait pas peur.