Personne ne t’a jamais enseigné
à te méfier
des grands sages
venus habiter
les recoins inquiets
de ton corps

sous ton lit
leur dentier
se fraie un chemin
dans la poussière

toi qui ne connais la vieillesse
qu’à travers ses cris

 

***

Dès l’aurore ils posent des collets
derrière la remise
où tu as perdu les eaux
pendant que tu cherches une façon
d’inculquer la rage
à l’enfant
qui dort encore

le soir, ils caressent l’encolure de la bête
qu’ils oublient de nourrir
tu te dis que
l’amour a de multiples visages
dans la paume d’une main tendue

 

***

Ils ne sont plus qu’habitudes
chair dédiée
au passage des saisons

l’un a des mouchoirs repliés
dans le creux de sa manche
l’autre a un faible
pour les romans-feuilletons
tu les regardes
soigner le potager
à la recherche d’un peu de tendresse
petite pousse
déjà ruinée

Un jour, c’est toi qui les piégeras