sur les rives encore tièdes de nos départs
j’ai construit un phare de tes épaules larges
dressé beau et grand le souvenir
en allumant en son centre
des lampes
toujours plus fortes
toujours plus blanches
j’ai trafiqué la périphérie
la géographie faillible de notre subsistance
pour que sous d’autres rayons de lumière
divisant d’autres corps
se dessinent immanquables
la confusion liminaire
les contours roses
le vulnérable de nos chairs
j’ai attendu immobile en notre genèse
les doigts tachés de nos douleurs adolescentes
la langue engourdie
lourde encore
des premiers vacarmes
j’ai cherché dans l’écart
les jambes tressées dans ton siècle
jusqu’à en avoir le corps bleui
érodé par la souvenance
j’ai cherché jusqu’à en avoir
les yeux plein de cataractes
les épaules en poulies grinçantes
d’avoir vidé tous les lieux