Tu lui as dit que tu l’aimais. Quand t’as vu sa réaction, t’as rajouté « je pense » pis toutes sortes d’excuses. Après ça, t’as continué à te perdre dans ses bras pis elle dans tes yeux.
Ça a pas duré longtemps. Une histoire de quelques mois, à peine. C’était la première fois que tu te sentais aussi bien. Que tu voulais aimer, te faire aimer. Avec elle, tu sentais que t’étais quelqu’un, que tu servais à quelque chose. Tu savais que c’était voué à l’échec, mais t’as décidé de te risquer. Elle était belle. Elle disait que t’étais le meilleur pour la distraire. Distraire de quoi? T’osais pas trop poser de questions. Tu voulais éviter les faux pas, tu restais prudent. Elle riait à toutes tes blagues, même celles que tu trouvais pas drôles. T’aimais ça la faire rire. Elle basculait la tête vers l’arrière et se cachait avec sa main. Elle devait le savoir qu’elle était irrésistible, qu’à chacun de ses gestes, tu grisais un peu plus. Son rire dans tes oreilles faisait monter en toi une vague qui t’enveloppait. Une vague qui allait te noyer, tu le savais. T’as continué de plonger.
Plus jeune, t’enfermais des lucioles dans des pots, comme là tu capturais vos moments. Quand son visage était près du tien, son haleine embuait tes lunettes. Tu voyais juste une silhouette floue, mais tu pouvais redessiner ses traits par cœur.
T’avais lu quelque part une histoire cute qui parlait d’un bouquet de fleurs. Le message était qu’il allait l’aimer jusqu’à ce que la dernière fleur fane, mais l’une était artificielle. Tu te trouvais quétaine, mais tu te disais que si tu donnais ta fleur en plastique à quelqu’un, ce serait à elle. Pis t’étais persuadé qu’elle comprendrait, qu’elle saurait. Elle voyait en dessous de tes couches. Elle les enlevait une par une, comme tu lui enlevais ses vêtements.
T’as lancé à quelques reprises que tu l’épouserais. Ça aussi, ça la faisait rire. Elle comprenait pas que tu la voulais pour vrai. Que t’avais pu envie de la partager. Tu lui aurais donné un diamant qu’elle aurait pensé que c’était un faux, que c’était une distraction. Parce que c’est ça que t’étais pour elle, au fond.
Du jour au lendemain, elle est repartie. C’était une âme libre, tu pouvais pas la retenir. Elle avait encore tellement à voir, tellement à découvrir, tellement à aimer. Tellement d’autres choses que toi au final. Vous aviez rien prévu, rien promis, mais il te semblait que t’étais plus perdant qu’elle. T’étais pas prêt à son arrivée, encore moins à son départ. Maintenant, ton corps est vide sans le sien pour le compléter. T’es tout seul pis les fleurs sont pas fanées, sont émiettées, mortes.