Ce texte a été écrit dans le cadre du concours Reliures organisé en 2018 par les Jeunes programmatrices de la Maison de la littérature de Québec.
I.
je fuirai tes cuisses
entre nos martèlements lents
ce qui reste se cache
j’économiserai les gestes
nous savons nos mains accablées
nous savons dire à demain
derrière les lèvres la chaleur s’épuise
nous perdons la librairie des grandes déclarations
II.
tu nous voudrais entiers
tu l’as crié dans ton sommeil
et plus tard le chuchotement
attendons encore avant de s’aimer
je réfléchis les amours
les conclue en vitesse
regarde-moi je suis ce matin chaud si simple si bon
je ne sais plus réconforter
poser l’oreiller sur nos visages
nous observer au travers
j’évite le verdict
bonne journée
III.
tu te penches
la chaise bruisse
nos peaux se distendent
une fois de plus
et nos après-midis vagues
j’ai les nerfs affamés
collés sur l’époque des allers-retours
délaisse ta tête près de moi
IV.
tu découds tes bras
nos décalques
ma peau sèche
il y a peu à décrire
l’abandon et nous
nos discussions en mode avion
on ne réinvente pas chaque fois
on ne sert pas l’attention
sur un plateau d’argent
chaque soir
reprends tes bras
il vaut mieux se ranger
V.
je ne crois pas aux corps qui sauvent
un jour je marcherai
sans que tu nous revires de bord
sans penser au prochain souper
ce jour là je dirai
t’as vu le silence s’étire
la tendresse a ses droits
t’entends rien de figé
quand nos doigts se répondent
il ne fera pas printemps
aucun calligramme cœur
le plancher encore sale
et sous chaque instant
tu goûteras j’aurai écrit
gardons le souffle libre
mais ne fais pas semblant