1. Myriam 1

 

Je suis de ceux qui n’existent pas

du monde oublié dans la marge

 

Je suis de ceux qui vont aux partys chez Alix

faire la fête dans un appart à St-Roch

de minuit à 6h

Chez Alix on écoute des vieux vinyles

on danse en pieds de bas dans le salon

des shooters de Sortilège dans la cuisine

un joint sur la terrasse

je bois mon six-pack de Boréale

Chez Alix je n’ai pas de sexe

je m’en câlisse

Je suis à la fois l’homme et la femme de mon désir

et je fais autant de références à Marie Uguay que je veux

Chez Alix entre minuit et 6h

on crie ensemble :

FUCK LE GENRE

(Pis on danse.)

 

[heading style= »subheader »]2. Éric 1[/heading]

Drague

Timex : 22h14

Sex on the Beach

non

Absolut Vodka

non

Pornstar

7,50$

Instagram

24 septembre : Monsieur

Linen Chest

Fruit of the Loom

Magnum

Fleshlight

28 septembre : Madame

Bouclair

Life Styles ultramince

S&M

Victoria’s Secret

Strap-on

Timex : 22h38

Cosmo

Peanut

200 mg

Dancefloor

INSTAGRAM

Timex : 25h63

Proie

Ralph Lauren

Le 31

Nautilus Plus

Grindr

Non

Tinder

Non

Facebook

3 amis en commun

Hommes et femmes

C’est compliqué

Timex : Chronomètre

Deux shooters

Météo Média

LCN

V Télé

YouTube

Hahaha

Instagram

Porn Hub

Men.com

hhhhh

Taxi Coop

3e avenue

20,50$

Timex : sexe et quart

hhhhh

Le 31

hhhhh

Ralph Lauren

hhhhh

Under Armour

hhhhh

Tyrap

Instagram

Vaseline

hhhhhhhhhhhh

Trojan

Trojan

Trojan

Trojan

Trojan

Trojan

 

 

 

j’ai peur d’oublier

ce qui me dévore

 

 

 

Kleenex

Baby Wipes

eVAP

Heineken

Heineken

Speed

Timex : 10h14

Goodbye

Prozac

Heineken

Instagram

Taxi Laurier

20,55$

Drague

 

[heading style= »subheader »]3. Myriam 2[/heading]

 

J’aime comment on me regarde

La question à formuler

Le petit sourire qui vient avec la réponse

Les sourcils qui restent froncés si y’en a pas cette journée-là, de réponse

Ça ou l’absence de regard

Quand je deviens un espace blanc

Le monstre ou le fantôme

les deux me plaisent

 

[heading style= »subheader »]4. Isabelle 1[/heading]

Odeur de bière cheap collée aux tables grasses

Parfums de nom et de fragrance disparates

Axe bon marché ; Fantasy de Britney Spears.

Ça sent le secondaire quatre. Les hormones et la sueur. Un sexe rameuté, bestial.

 

Normcore.

 

Ça sent la saleté, la médiocrité.

Comme la Rickard’s payée trop cher au coin du bar.

Dark. Bouteille tiède, mains moites.

Gorgées épaisses au cœur du ventre             ma langue timide dans ma bouche

évite les aveux

les langues étrangères            avares                       envahissantes

les langues flasques de vodka            raides d’amphétamine

la chair qui se trémousse d’envie

 

mais les électrons libres volent en silence                            aux aguets

 

Gagner l’alcôve          les doigts cramponnés à ma bouteille.

L’ombre comme un voile       la bière noire               de l’encre dans ma gorge

de l’encre dans ses cheveux.

si belle            qui danse                    qui brille

 

La boucle qui frôle constamment l’orée de sa joue

 

Je la capture en polaroïd       le focus sur l’encre de ses cheveux

le velouté de la bière âcre dans ma bouche

le velouté de ses yeux sombres qui balaient la piste de danse.

la blancheur de sa peau au cœur du stroboscope ivre d’elle

de son ostentatoire désinvolture

de son profil tracé au fusain

et des reflux de sa filature.

 

Je m’invente amoureuse d’elle

noyée dans la houle des corps drogués

dans les odeurs de bière collée qui effacent celles de l’argile et du patchouli

dans son visage inconscient qui refond celui large et ridé qui me hantait encore hier

dans sa chevelure abondante qui me met en émoi malgré mes mains habituées aux épidermes ravagés dont je ne peux plus retrouver l’image dont je ne veux plus sentir la froideur sous les doigts, et je plonge encore dans les corps pour m’approcher d’elle, mais elle s’éloigne elle sort fumer une cigarette l’allume je m’émoustille aussi je brûle comme la cigarette mais ses yeux se closent de satisfaction tandis que je me glisse le long du mur de briques pour me rapprocher de sa chaleur et elle ne me voit pas.

 

Et c’est parfait ainsi. Que l’image. La jouissance secrète de sa cigarette entre ses lèvres.

La mienne, plus secrète encore.

 

Je l’immortalise dans un dernier sursaut de son sillage.

 

[heading style= »subheader »]5. Véronique 1[/heading]

Tu me disais tu sens la pomme grenade,

Ton nez dans mon intérieur

 

Je t’ai admiré, abreuvé, gorgé, étouffé, rempli

 

Tu tangues

Dans mes draps,

Ton basin

Mon               rythme

 

Ton bref

Sursaut

 

Pas de café ce matin ?

Pas de baiser ce matin ?

 

Tu veux te dire,

mais

Tu te braques

animal absurde

 

Entre toi et moi

Choc succinct

 

la première larme tombe.

 

Lourde. Magnifique

 

Tu agites les bras  mais tu  es              invisible

Décalage entre tes os et mon cerveau

 

La deuxième larme  suit

perfide

Invitant les autres

 

Danse lyrique à demi-ton

Ici et là.

Elles martèlent le sol à fréquence syncopée

Douce pluie qui creuse son parcours entre les volants de ton nez.

 

Contours magnifiques.

 

[heading style= »subheader »]6. Éric 2[/heading]

Bouche : TUYAUTERIE

Nez : SUPERFLU

Doigts : SINUEUX

Ongles : COCHONS

Peau : ÉPIDERMA

Ventre : WEIGHTWATCHERS

Vagin : BAVEUX

 

POW

WOW

 

Lit : SPERMÉ

Pénis : BAZOOKA

Fenêtre : GRILLAGÉE

Condoms : ÉPARPILLÉS

Murs : ÉCLABOUSSÉS

Menottes : SORTIES

Saran Wrap : ÉTOUFFANT

Arrêt? : JAMAIS

 

POW

WOW

 

Fouet : DÉGOUPILLÉ

Sacres : TABARNAK

Anus : HUILE DE CANOLA

Dos : FISSURÉ

Corps : TABASCO

Dildo : DOUBLE SODOMIE

Musique : SLAYER ET BEETHOVEN

Érection : SAIGNANTE

Next : FISTING

 

POW

WOW

 

Porn : SOFT

Porn : HARD

Porn : WEIRD

Porn : WEBCAM

Porn : LINDA, 89 ANS

Porn : S&M

Porn : TORTURE

Porn : FÉCALE

Porn : ANIMALE

Porn : PETIT THOMAS, HUIT ANS

 

POW

ow

 

ow

 

non

 

j’arrête quelque part

 

j’ai des ombres immenses

malgré moi

 

j’ai des frontières de glace

ternes pis grises pis molles pis froides

malgré moi

 

je pousse, je pousse, mais j’ai un mur

j’ai de quoi qui est moi

en moi

malgré moi

 

criss

[heading style= »subheader »]7. Ariane 1[/heading]

Elle

est morte dans son lit

à sa place

Lui

avait laissé les empruntes

de son corps mort

Elle s’est couchée dedans pour mieux le rejoindre

c’t’une belle histoire

Moi

je suis morte toute seule

dans mon lit

mon corps mort dans

mon propre lit sale

 

dans mes propres draps froids

dans l’absence d’un sexe entre mes cuisses

 

le mien et l’autre

 

le mien retiré avant qu’on y entre

le mien mort avant la pénétration

la consommation

la production

la naissance

l’enfant

la vie

le partage

 

morte avant l’usage

vidée comme une huître

 

[heading style= »subheader »]8. Éric 3[/heading]

ce qui bougera pas

ce qu’on subit de nous

ce qui est

invincible

 

non non non non non NON

non

 

tu veux?

tu peux

tu changes

tu gagnes

t’oublies

t’es pu

t’es devenu

tu veux?

tu peux

tu changes

 

tu snapchattes?

tu fourres?

tu crosses?

tu doigtes?

tu suces?

t’avales?

tu teabag?

tu jouis?

t’attaches?

tu vomis?

tu sens?

tu m’entends?

 

lève-toi

souris-toi

aime-toi

regarde-toi

transforme-toi

guéris-toi

lèche-toi

jouis-toi

bouge-toi

assomme-toi

assourdis-toi

 

abandonne-toi pas

statue-toi pas

refroidis-toi pas

deviens-toi pas

 

tu veux?

tu peux

tu changes

tu gagnes

t’oublies

t’es pu

t’es devenu

tu veux?

 

ce qui bougera pas

ce qu’on subit de nous

ce qui est

invincible

 

[heading style= »subheader »]9. Isabelle 2[/heading]

Mon œil est un objectif

dysfonctionnel

Ne capte que le mouvement que l’essence              que les odeurs

l’odeur d’argile           de grosses mains tachetées de peinture  celles des jointures qui craquent.

 

Mon œil fuit l’immobilisme

a peur des instantanés

œil polaroïd

 

Mon œil ne pense plus aux grosses mains tachetées de peinture                à l’odeur de l’argile

mon œil suit pour mieux être fui                              pour mieux oublier

l’odeur des pots de peinture             du dripping spermatique dans mon lit

 

Mon œil glisse sur la ligne de sa mâchoire                sur le galbe de son sein

elle s’offre à mon œil   le cambré de ses reins                      sa main lovée entre ses cuisses

elle aime être contemplée      immobilisée dans un objectif afocal

 

Je la prends tout entière                    immobile et fugitive

mon amour d’argentique                   dont les yeux demeurent clos et les seins béats

elle s’ouvre à la dizaine de regards brûlants

et pourtant, c’est elle que je voudrais cueillir

 

à son insu

la pétrir sous mon regard

comme autrefois les grosses mains tachées de peinture et ce sourire de pervers dont l’ivoire reluit encore contre le grain de sa peau.

 

Je prends la photo.

L’œil objectif irradie parmi les débâcles.

 

[heading style= »subheader »]10. Turmel 1[/heading]

regardez-moi ça

regardez-la

tellement fraîche tellement jeune

tellement pure tellement

regardez-la vraiment

limite entre la chair et l’obscur

ses lèvres découpent l’alcool

au millilitre près

bouton de parfum rouge à rendre la sève

morsure cœur cannelle

c’est ce que vous vous dites

 

regardez-la pour vrai

regardez son corps de poupée russe

son pied impatient

l’attache du mollet tendu

l’angle délicat de la malléole

les osselets fragiles

sous la peau papier de soie

entre vos doigts fétichistes

 

des jambes fuselées de sueur et de café

au lait chaud

que vous vous dites quand vous pensez

au sexe

du matin d’après

 

vos yeux velcros

sur sa géométrie de femme

son dos ses reins sa

croupe

parenthèse laissée ouverte

invitation tacite

nuque penchée vers l’épaule droite

inclinaison raisonnable   doute

vous imaginez déjà la suite

 

vos yeux naïfs

y la dénudent pervers

épluchent sa gorge sa poitrine à peine mûre

coupent en quartiers juteux

ses glandes mammaires

pulpe sanguine

vos yeux rasent les lèvres lactées

de sa vulve prépubère

 

vos yeux de mères et de pères

et de fils et de sœurs

vos yeux de frères et de tantes

et d’amis et de connaissances

vos yeux d’ex pis de one night

vos yeux de spectateurs

vos yeux de sites de cul

vos yeux de derrière l’écran

le quatrième mur qui protège

vos fantasmes

vos yeux qui en ont trop vu

mais qui en veulent toujours plus

les mêmes yeux qui se détournent

pour dire j’t’aime

pis qui se ferment pour crier encore

vos yeux de désir vos yeux de besoin

vos yeux de faiblesse

 

ils la regardent pour la garder

souvenir de baise

dans les plis décharnés du lendemain

ils la dévisagent la rongent avides

pendant qu’elle fait la belle

mais en vrai je sais

elle fait la morte

 

c’est ce que vous voulez de toute façon

désir prévisible et méprisable

déjà son corps dans

votre lit

 

vous l’immolez du regard

flamme par flamme

la bleue plus chaude que la jaune

pour comprendre la caresse

l’impression du poids de ses seins

dans votre paume

coupole soupesant le plaisir

neuf franc offert sacré

ça pèse lourd le sexe

dans l’espace-temps

 

regardez-la

vous arriverez peut-être

à la voir

 

mais la vraie beauté

mais la vie voulue réelle pleine

hors des heures et de la gravité

débarrassée de la matière

de ses pièges symétriques

elle est là-bas

derrière la femme-enfant

au-dessus de son épaule insipide

 

 

on ne les voit pas mais

on les devine

deux sillons d’insomnie

qui l’épient elle

comme vous

deux lignes d’horizon aspirant la scène

deux supplications immenses

la beauté famine

la beauté sécheresse

la beauté fin du monde

 

comme vous

ses yeux veulent fuir quelque part

dans l’écho de cette fille        poupée caverneuse

 

son regard inconnu automate

comme le vôtre

lui aussi habité

pourtant

fouille le corps facile

rien d’abstrait ou de profond

que de la mécanique

 

j’ai voulu qu’y montent

ces yeux-là

remontent

à l’intersection

de l’épaule d’enfant

s’accrochent dans l’interstice

qu’ils se posent qu’ils s’arrêtent sur moi

qu’ils tombent ailleurs

que sur les feux de Bengale

ailleurs que dans l’évidence

qu’ils dérapent et rencontrent les miens

mais l’épaule fait écran

entre nos grands trous noirs bleus

comme vous

elle la regarde

pis ça m’annule

dans l’espace-temps

 

 

[heading style= »subheader »]11. St-Pierre 1[/heading]

cacher tout

ma fausse dévotion et penser à la nuit d’hier

mouiller le banc d’église pendant le sermon

faire semblant d’écouter le regard perdu

Notre Père blabla

j’remue mes lèvres

 

tout va bien

maman a les yeux fermés

j’devrais avoir plus de sérieux

et me reprendre en main

mais Fuck non

les images d’hier soir me reviennent dans mon esprit stroboscope

 

*

 

j’aimerais ne pas décevoir mes parents

j’suis sage

j’veux pas perdre mes privilèges

sortir le soir faire semblant aller marcher

finalement

être là-bas

 

 

[heading style= »subheader »]12. Ariane 2[/heading]

quand t’es pleine, ils pensent : je peux la mettre

pas d’danger

 

Mais avoir le ventre vide signifie avoir la bouche pleine

 

et matière blanche au coin des lèvres

et substance blanche dans la bouche

et liquide blanc dans les yeux

et fluide blanc sur les seins

 

parce que me pénétrer c’est perdre

me mettre c’est donner la mort

me baiser c’est gaspiller le sperme

me fourrer ça sert à rien

 

pauvre-moi

l’index ratatiné comme au sortir du bain

glaire séchée sous l’ongle

au creux des lignes de ma main

me doigter, tout ce qui me reste

 

une pourriture destinée à la solitude ou à se tuer

 

Achète les enfants des autres, ils disent

je ne mange pas de fruits gâtés

 

une verge me pénètre et

ça meurt

comme dans un préservatif

 

et tout cela me coule entre les cuisses

comme un crachat

coulant en rivières

sur les fissures de mes cuisses

 

le ventre vide

et la bouche pleine

 

j’ai la gorge chaude

il ne me reste

que ça

 

[heading style= »subheader »]13. Véronique 2[/heading]

Répétition du moment

Répétition comme principe premier

je t’aide

je t’aide

Tu marches

Vois tu marches

 

Je t’aide

Vois comme tu vis

 

J’ai la manière,

Vois tu danses

 

Allez!

 

Danse!

Ris

Avance.

 

Tu me veux,

Le passage obligé pour exister.

 

Allez danse!

Danse contre moi.

Dessine mes formes vacantes

 

Danse!

Criss

 

T’en peux plus, c’est ça?

 

Le pique de ma voix qui éclate dans ta tête

Monstre strident insurmontable

Pire encore

 

Comme si

Vivre par procuration

Comme si

Seul est innommable

Comme si

 

Je te préférais à rien.

 

Tu sens meilleur que mon oreiller, alors oui.

 

Danse!

Tes lèvres en cascade sur l’intérieur de mon bras

froides

 

 

[heading style= »subheader »]14. Éric 4[/heading]

Contrôle

Pousse

Encore

Sois

Crée

Monte

Échappe

Ferme

Cours

Continue

Ouvre

Grand

Prends

Tousse

Avale

Digère

Incube

Espère

Cultive

Deviens

Change

Échec

Encore

Essaye

Continue

Escalade

Fuis

Loin

Augmente

Extrême

Géronto

Pédo

Agalmato

Éméto

Scato

Symphoro

Uro

Xéno

Hybristo

Zoo

Nécro

Regarde

Avale

Nausée

Avale

Criss

Digère

Incube

Espère

Abandonne

Cultive

Deviens

Change

Change

Pitié

Échec

 

tellement, tout ce qui existe

tellement, partout

pis être juste ça

ça, un frisson d’ennui

ça, celui qui sera jamais roi

 

chuis pas contemporain

j’aime pas les Noirs

les trop

les phallus

les vierges

les néons

les oui

même si je me déchire

à vouloir

 

j’plonge dans les ronces

j’devrais finir par aimer ça

mais j’résiste

 

sauf que dans le cillement

le grognement du gouffre

l’odeur du vide

en reflet

tout ce que j’serai pas

 

ce qui bougera pas

ce qu’on subit de nous

ce qui est

invincible

 

j’ai peur d’oublier

ce qui me dévore

 

[heading style= »subheader »]15. Myriam 3[/heading]

 

Je suis de ceux qui n’existent pas

du monde oublié dans la marge

 

Je suis de ceux qui vont aux partys chez Alix

faire la fête dans un appart à St-Roch

de minuit à 6h

Chez Alix on écoute des vieux vinyles

on fait des concours de bas laites dans le salon

des shooters de Jagër dans la cuisine

des puffs de guerrier sur la terrasse

je bois mon six-pack de Boréale

Chez Alix je n’ai pas de sexe

je m’en câlisse

Chez Alix entre minuit et 6h

on crie ensemble :

FUCK LE GENRE

(Pis on danse.)

 

 

[heading style= »subheader »]16. St-Pierre 2[/heading]

j’ai fait mon chapelet

Je vous salue, Marie pleine de grâce blablabla

le fruit de vos entrailles est béni blabla

amen

j’ai fait mon chapelet 10 fois

 

j’me permets 10 minutes de Tinder

l’angoisse constante d’être reconnue sur ma photo

malgré le rouge à lèvres rouge plotte rouge sang

fouet

 

*

 

les rencontres sont toujours pareilles

c’est quoi

ton nom

ton âge

ce que tu fais dans la vie

points de suspension

viens j’te montre comment je suce lèche frappe écorche

 

 

17. Ariane 3

je sais faire des bonnes pipes

acte suicidaire par excellence

être là, comme étouffée

ça s’expulse et puis c’est mort

et l’homme, la queue flasque

masque son sourire en une grimace

le visage de la peur

paralysé qu’il est

que nos mâchoires claquent

que ce soit la dernière

il s’enfonce

garde les poings serrés

quand on le regarde en contre-plongée

peut-être montrer les dents

sinon la route de mon con

là-dessous pas de semence aucune

deux pôles négatifs

annulation favorable

barbe et bave

sur ma peau de chagrin

lèvres contre lèvres

pour freiner la disparition

anthropophagie

 

 

[heading style= »subheader »]18. Isabelle 3[/heading]

Mes cibles épidémiques                    épidermiques

elles sont aussi nombreuses que des tâches de rousseur sur leurs joues

que les secondes égrainées comme des chapelets

que ses marques de doigts sur mes côtes

Je les laisse proliférer           danser sous mes paupières                infiltrer mes mouvements.

je concentre l’éclat de leur regard au creux de mes jambes

là où ça faisait si mal  là où ça faisait si doux

et je retrouve presque le sursaut ultime freiné   froidi          frigide.

Je les aime comme je ne sais plus tout à fait aimer.

Mes cibles dorment au cœur de janvier entre leur duvet et mon gin Bombay

l’amertume sort mes doigts de l’inertie        éveille mes envies

je visite chacun de leurs appartements

leur petit salon vert pomme

les comptoirs de vaisselle souillée

leur chambre à l’odeur de lavande et de cyprine

à leur insu

les pétrir sous mon regard

comme autrefois les grosses mains tachetées de peinture

Leur respiration régulière m’empêche de rejoindre leurs draps parfumés

comme le souvenir du gros doigt contre mes lèvres             contre mon ventre

arracher mon silence   arracher ma jouissance

son grand sourire       les contrées abstraites qui sentaient l’argile et le sexe

 

Je ne refusais rien.

Il savait combien je l’aimais.

Entre les refus et les sanglots, je jouissais                           je m’abandonnais qu’à demi             je l’aimais, peut-être pas.

et au moment même de l’orgasme

les yeux doux de cette femme.

 

 

[heading style= »subheader »]19. Turmel 2[/heading]

elle la regarde

vous la regardez

tous vos yeux velcros

chardons agglomérés

sur sa peau de sainte vierge

ça serait trop demander

d’être prise d’être voulue

d’être regardée

d’être vue au moins

être au centre

comme elle arquée

à vif crue

carpaccio parfait

mais non

ça serait accorder trop d’importance

à ma pauvre peau de madame

qui se viande à vous plaire

gardez vos appétits pour elle

je m’en fous

mais je veux être

vue par ces yeux-là

ils me rappellent la déchirure

que je rêve d’être désirée

dans l’impossible la douleur

dans le trop-plein

contorsions contre nature

mitraille au milieu du ventre

vase éclaté

machine à vapeur

du corps qui exulte puis explose

à force de se contenir

fantasme qu’on renonce à tout

qu’on devienne fou

qu’on se ruine qu’on se morde se calcine

s’arsenic cyanure

 

je crève

impénétrable

sous le vernis et la laque

vos pseudos morales

vos raisons vos tranquillités

 

sacrifier toutes les politesses

lancer les dés sur vos sexes sages

avant de m’immiscer

virus fièvre contagion

dans la crevasse de l’humanité

comme un écartèlement des muscles

pétris d’écume

coup de scalpel

dans l’amour originel

c’est peut-être comme ça

qu’on devient la cause

de souffrances involontaires

maladie de l’inconscient

surgies en monstre poisseux

qui suce et liche

de ses sept langues acides

vos plexus d’amants

qui aiguise concave le creux

la pointe de vos diaphragmes

cet appel continu strident

oui ce cri-là

l’appel assassin de la luxure

JE SUIS FEMME

PERVERSION

BOURSOUFFLURE D’ÂME

ET J’HYSTÉRISE QU’ON M’IDOLÂTRE

 

 

[heading style= »subheader »]20. Véronique 3[/heading]

Imaginez l’Homme sans visage

Je vole le sens de ses rires

Un miroir fracturé

Mon image

Je ne prends déjà plus sa main dans la rue

 

Il sourit de mes victoires

Ses défaites servent mes gains

 

En équilibre ambivalent

d’or et d’étain,

Il casse sous son poids

 

Je le regarde

lui une chaise

comme une table

comme un lit

comme une lampe

comme une chaise

comme un miroir

comme un point

comme un mot d’amour

comme une chaussure

tsé, comme une chaise

Je m’approche

danse

charmante

divine

caresse son sein

tends la main

surgie une note

vide passion

Lui une chaise

 

 

[heading style= »subheader »]21. Myriam 4[/heading]

Je pogne avec le monde à l’orientation sexuelle slaque

avec les lesbiennes pas sûres

pis les gais pas sûrs

les bis pas sûrs

les hétéros pas sûrs…

J’pogne tsé

pis en même temps…

pas sûre.

 

***

 

J’ai tout lu Judith Butler et

les théories du genre,

sur la fluidité du genre,

la construction sociale du genre.

La suprématie de l’hétéronormativité.

Ça m’a donné le goût de la parole

des mots dans ma bouche

sur les choses qui fuckent

dans ma tête.

Pis un moment donné, tu t’écœures de t’obstiner avec le monde.

Osti que l’monde comprend rien.

 

 

[heading style= »subheader »]22. Éric 5[/heading]

pourquoi toi t’es

les dieux, y ont

jamais

jamais

jamais

jamais j’aurais pu

rien de ce qu’on a

rien

moi aussi je rêve

pourquoi t’es

pourquoi t’es exactement ce que je

peur d’oublier ce qui me dévore

être rien qu’un

toi t’es

les dieux

parce que

ce qu’on subit de nous

jamais

les dieux

moi aussi

jamais

moi aussi je rêve aux forces

rien de ce qu’on a

pourquoi toi t’es exactement la peau qu’y me

naturellement

pas les horoscopes dans le

les dieux

naturellement

toi t’es

naturellement

les dieux

faible

naturellement

jamais j’aurais

être rien qu’un mur

moi aussi je

jamais

rêve aux

jamais

pas les horoscopes

être rien qu’un mur

les dieux, y

c’qu’on est de faible

toujours

faible

toujours

 

 

[heading style= »subheader »]23. St-Pierre 3[/heading]

mon obsession pour la souffrance

ma scène préférée

la crucifixion

pause

rewind

play

je dessinais des points rouges en feutre

sur les poignets les chevilles le ventre

immobile pendant des heures

l’impression parfois de sentir vraiment des clous transpercer mes poignets

je voulais souffrir

ma dévotion enfantine cachait sans doute ma prédestination

maintenant mes écorchures hématomes cicatrices sont réels je les caresse sous la douche ça brûle c’est bon

*

 

la première fois

j’ai prié

enlevé mes vêtements

bénissez ce repas

je suis martyre

*

 

parfois aucune trace visible

des morsures cachées sous mes vêtements

sauver les apparences

aujourd’hui du sang coule entre mes cuisses

hier j’avais volontairement oublié le safeword

 

 

[heading style= »subheader »]24. Véronique 4[/heading]

 

Je m’enlacerai

contre toi

non pas de la corde

non pas du barbelé,

mais sous la forme d’un baisé trop scellé

 

Au jeu du pendu, tu gagnes

 

les cheveux déliquescents

les yeux velours

le sein duveteux

les reins chevrons

les hanches coeurs

Tu as vu la vulve et les mains

Tu as vu les cuisses folles

Tu as vu les pieds et la terre

 

Ranime l’âtre et vois plus près

je m’enlacerai contre toi

non pas de la corde

non pas du barbelé,

mais sous la forme d’un baisé trop scellé

 

[heading style= »subheader »]25. Éric 6[/heading]

Prends-moi

Dissipe-moi  dans les autres

 dans les vagues

la mer

laisse-moi geler comme on oublie

 

Prends-moi

Borgne-moi des rêves

je veux pu d’eux

je ferme les sorties

sans bruit

j’ai pu de pitié pour moi

 

Prends-moi

Creuse-moi de néant

entre pour m’écraser

sois moi si tu veux

ce serait plus faible

 

Prends-moi

Violence-moi d’humanité

je pouvais juste être parmi

minime

dans la chaîne

Prends-moi

parce que tout le monde est moi

parce que je me reconnais des inconnus

parce que j’suis pas unique

moi

nous

rien

 

 

[heading style= »subheader »]26. Isabelle 4[/heading]

Même club sale, même heure indécise

toute sa chair contre une inconnue tatouée

ses seins dans son dos

sa langue dans sa bouche

son sexe frémissant               le mien s’éveille.

 

La suivre comme mon suicide qui goûte les gin&lime

son existence comme ma renaissance qui sent les relents de sueur

je me noie d’elle                     de cette musique       de son odeur que je capte au loin

entre les gens   ma main glisse sous mon jeans

qu’elle est belle.

 

Elle se laisse aller aux rythmes et à l’ivresse            j’ai envie de mordre    de crier, de combattre, de griffer, de m’évanouir, de mordre, de crier, de …

 

Le sourire du vieux m’empêche de jouir.

 

 

[heading style= »subheader »]27. Myriam[/heading]

Retraite sûre du monde : des couvertes.

J’me repasse le PowerPoint du monde avec qui j’ai couché.

1 – Mon premier chum à 15 ans qui bandait pas pis qui a fait son coming-out comme deux ans plus tard.

2 – Ma meilleure amie… qui était pas mal moins saoule que moi quand j’y repense.

3 – Ma première histoire d’amour compliqué pas claire avec mon meilleur ami supposé d’être aux gars, puis aux gens en général, à moi en particulier, pis… juste aux gars finalement.

4 – Un petit bum de Sillery qui fumait du pot pis m’traitait comme d’la marde mais j’m’en crissais parce que c’tait toujours ben le premier qui bandait.

5 – Un gars qui vendait de la dope au Drague. On avait pété le divant-lit de son ami, aussi. Ah pis j’ai su qui s’était fait arrêter pour possession de pornographie juvénile pas longtemps après. Y’était à toute, faut croire.

6 – Un autre bum rencontré dans un champ de cerise à Kelowna, au BC, l’été d’avant. Y venait de revenir à Québec, c’était novembre, y goûtait encore l’été pis les étoiles filantes de la fin août esti. Y m’a mis deux fois dans l’cul pis j’ai jamais autant joui de ma vie qu’avec lui.

7, 8 – Ah pis deux anges de Limoilou/St-Jean-Baptiste… Mais eux j’ai peur que vous les connaissiez. (C’est des poètes.)

9 – Un Breton aussi, rencontré en voyage. Grosse barbe rousse, y roulait ses cigarettes.

10 – Ah pis une fille de mon bac, cute à mort.

Ça, c’était AVANT tinder!

J’ai quand même toujours aimé ça être tout seule dans mes couvertes.

***

Au party chez Alix,

quand Simon s’en allait, y m’a dit : « Oublie jamais d’où tu regardes. »

Y’était chaud, mais tsé, c’t’un photographe.

C’est drôle, y’a jamais réussi à prendre une bonne photo de moi.

***

J’ai aucun point de départ aucun désir de prendre la parole je suis fuyante et distante et inquiète je suis une fille? J’utilise le féminin par habitude ça s’est achevé j’ai trouvé mes réponses dans une absence de réponse le silence c’est suffisant de savoir que je ne sais pas.

 

***

De toute façon, ma princesse préférée, ça a toujours été Mulan.

 

 

[heading style= »subheader »]28. Ariane 3[/heading]

et si l’amant refuse de licher l’hymen

je

lui coudrai la bouche autour de ma vulve

pour qu’il ne perde pas une goutte

 

si l’amant refuse de licher l’hymen

je

lui urinerai à la gueule

pour qu’il ne perde pas une goutte

 

si l’amant refuse de licher l’hymen

je

le regarderai pleurer et morver

et serai satisfaite

 

si l’amant refuse de licher l’hymen

je

oui je

resterai scindée à lui jusqu’à ses vomissements

 

OUI

si je suis vide

je deviendrai un homme

 

OUI

si je ne peux pas enfanter

je suis un homme

 

autrement

si l’amant refuse de licher l’hymen

 

ce sera moi

et mes trente-deux dents

qui cisaillent le fer

et mes yeux sans paupière

et mes serpents

 

ssssssi l’amant refuse de licher l’hymen

 

quoi de plus dangereux

n’est-ce pas

que la bouche d’une femme

 

 

[heading style= »subheader »]29. St-Pierre 4[/heading]

je sais pas d’où ça vient

j’suis sûrement juste une salope

j’me slut shame

j’essaie de me sentir un peu mieux

mais non

j’me sens comme dans un film de Lars von Trier

qui doit finir un jour

 

*

masturbation dans le confessionnal

Notre Père, punis moi pardonne mes péchés

mais demain soir c’est moi qui tient le fouet

 

 

[heading style= »subheader »]30. Isabelle 5[/heading]

Les rues désertes sont longues comme la nuit

froides comme janvier

j’ai pris le mauvais détour pour aller chez elle

 

Même pas eu besoin de la filer à la sortie du bar

ses pas habitent le long de mes jambes

fantomatique beauté   elle guide ma folie vers ces rues vides et longues où ne crissent que mes foulées dans la neige

 

Son quartier est un infini labyrinthe, sans fil d’Ariane

Je me dirige vers le Minautaure

J’ai pris le mauvais tournant

Je ne fais pas demi-tour                               l’ivresse du froid qui craque              le silence insondable de l’hiver

mes joues engourdies   le souffle court                    le cœur en chamade

les rues trop longues  en dédales

les maisons drôlement familières

la sérialité du quotidien me tue

 

J’ai l’habitude de la perdition

Je cuve ma détresse à coup de coupes pleines de lie

 

L’hiver se dérobe       s’immisce où ça fait mal       viole mes écharpes

J’ai l’habitude du viol   des terrains glissants           des souffles courts

Des grosses mains partout sur moi

Surtout sur ma bouche.

 

Les rues interminables         la maison en briques rouges

J’ai marché jusqu’ici je suis revenue à lui

La fenêtre éteinte      son atelier      sa morgue

 

Sa maison en noir et blanc   j’ai envie de l’envahir

de cris

de couleurs

de glaire

 

Je veux retrouver l’envie de jouir

Je veux retrouver mon agentivité

Je veux retrouver mon corps au lieu de me noyer dans celui des autres

 

à mon insu

être pétrie sous son regard

comme autrefois ses grosses mains tachées de peinture

 

J’ai échappé ma dignité

ne me regardez pas les filer

ne me regardez pas m’effondrer

ne me regardez pas vous contempler pendant que je rêve encore

aux grosses mains tachées de peinture sur mes seins.

pendant que je jouis encore

en imaginant un paysage dans le dripping spermatique dans mon lit.

 

 

[heading style= »subheader »]31. Turmel 3[/heading]

 

regardez-la

regardez-les

 

regardez-les une dernière fois

regardez-les pour moi

fixez leurs yeux concentrés ailleurs

qui ne me regardent pas

perdus dans l’adoration

le souci l’anxiété

quasi manie photographique

analyse du grain de peau

rognure instagramique fini chrome

comme une cage à oiseau du paradis

continuez d’avaler toute

la scène toute la pièce

moi dehors

vos yeux s’immiscent sous leur peau

se voûtent se plient sous l’aine

voudraient les boire cul sec d’un trait

ceux de mon visage

m’effacent dans ma laideur

me crispent d’absence

 

qu’est-ce qu’il faut dire

pour être regardée

des mots vides des mots cons

des mots d’alcool pis de sexe

qu’est-ce qu’il faire pour être

désirée

être objet oui

être une chose voulue

est-ce qu’il faut tourner

dans le sens du monde

poupée qui danse sans fin

dans la grande boîte à musique

ÇA BOUGE MAIS C’EST MORT

j’aimerais poser

mon regard amputé

le poser violence

dans l’interstice et graver dans

vos yeux de bête piégée

mes pupilles projectiles

mais personne ne me voit

je n’existe pas

qu’est-ce qu’il faut faire

pour attirer l’attention

S’OUVRIR LES VEINES

SAIGNER DE L’HÉRO

VOMIR SA BILE EN SOMMNIFÈRES

SE VIDER DE TOUTE SUBSTANCE

DEVENIR L’ÉCORCE À ÉCORCHER

LA PELURE À ÉPELUCHER

LA PEAU À VENDRE

OU À DONNER

UN MORCEAU DE VIANDE SOUS-VIDE

COMME VOUS COMME EUX

DES ÂMES EN SÉRIE

PRÉFABRIQUÉES

EMBALLÉES INDIVIDUELLEMENT

PRÊTES À PORTER

PRÊTES À SERVIR

PRÊTES À SUBIR

ÉTANCHÉISEZ MON CŒUR

 

SI C’EST CE QUE ÇA PREND

POUR DÉVIER LA TRAJECTOIRE DU DÉSIR

LE CÂBLER À MES RIVES

NAUFRAGER VOS DÉVORANCES

 

PLASITIFEZ-MOI

ASCEPTISEZ-MOI              OSTI

SI C’EST CE QUE ÇA PREND

 

 

 

vous me regardez maintenant

 

j’ai pas croisé vos regards

vos yeux vides et pleins et vides

mais ils me regardaient

vous me regardiez

le tressaillement imperceptible des cheveux

la fuite du front vers nulle part

MALAISE

MALAISE GÉNÉRAL DONC

VOUS M’AVEZ REGARDÉE

 

mais m’avez-vous vue

avez-vous perçu ma détresse

ma folie

toute ma décadence

m’avez-vous vraiment vue

encore encore

ENCORE

je vais vous regarder

jusqu’à ce que vous me voyiez

cuire encore vos rétines sur mon image

brouiller les ondes de l’air

et de la lumière encore

jusqu’à ce que vous me voyiez vous vous

Jusqu’à ce que vous me voyiez être vue

ÊTRE OBJET

enfin être

miroir

 

 

[heading style= »subheader »]32. Myriam 6[/heading]

 

Je suis de ceux qui n’existent pas

du monde oublié dans la marge

 

Je suis de ceux qui vont aux partys chez Alix

faire la fête dans un appart à St-Roch

de minuit à 6h

Chez Alix on écoute des vieux vinyles

on danse en pieds de bas dans le salon

des shooters de Fireball dans la cuisine

on s’en rallume un sur la terrasse

je finis mon six-pack de Boréale

Chez Alix je n’ai pas de sexe

je m’en câlisse

homme et femme confondus

désirs confondus

Chez Alix entre minuit et 6h

on crie ensemble :

FUCK LE GENRE

(Pis on danse.)