La simple trajectoire d’une pensée errante
Je virtuose ce que j’ai dans la tête. Quand ça sort, ça sort vite, ça sort mal. Ça sort tout croche, comme quand on se vomit le corps parce qu’on a mal à son cœur, mais que l’expulsion ne soulage pas. Alors, je me retrouve désœuvrée, assise en petite Indienne, devant la toilette pleine de mots gerbés à moitié, de dégueulis de phrases prémâchées, pas même encore digérées; avec un estomac vide, avec une tête vide qui a mal à la tête et une page blafarde qui reste sur sa faim. Et puis, il y a l’idée récurrente que si j’ai longtemps levé un nez sans panache sur les dires des autres, je lève maintenant un œil interlock pour regarder autour du nombril sur lequel j’écris. Je constate que je ne suis pas seule à faire face à ce vide oppressant, à griffonner maladroitement les quelques fragments qui me composent.