Je t’aime ma chérie comme on aime une fleur
Ton corps trahit, dans une même langueur
Ses rets de fatigue aux ramages rougis
Galère qui navigue depuis la longue nuit
T’es ma déjouée d’Amérique
Tissée de fins fils de légende
Mon enneigée sereine
Entre la mer et l’eau douce, tu balances
Embrasse mon désir de fleuve
Tue-moi avec ses lèvres
D’une poésie nouvelle/Notre fin du monde
Ton corps difforme, tes yeux rouge-gorge
Tes pas de lièvre, ton souffle mièvre
Tes pieds marins, tes mains de foin
Tes jambes de fleuve, ton air indien
Tes lèvres de cidre, tes mains racines
Cheveux de neige, aux pointes de givre
Tes doigts de flore, tes os retors
Ton ventre sans bords, ton cœur au poing
Laisse-moi allumer ton désir dissident
Ton corps dissocié du pétrole régnant
En notre âme sauvage, de fleuve et de montagne
Je me réclame d’un si lointain rivage
Dans ma gorge
Poésie qui se fraie un chemin
À bout portant
D’un ciel bleu de crachin
Les battures se souviennent
En vain
Des goélettes, des capitaines
Des chasseurs, des indiens